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On ne rencontre personne par hasard : PV Adrielle Rock
John Maxwell
John Maxwell
Viggo Mortensen
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Mar 17 Nov - 15:59
16 Novembre 2020. Un peu plus de 3 ans après le drame.

C’est tard dans la nuit, après l’extinction de l'éclairage public de la ville, que John prit son courage à deux mains et se décida à sortir de chez lui. Il n'attrapa qu'une veste légère, les nuits étaient encore étonnamment chaudes à cette période de l'année. Réchauffement climatique ou bizarrerie météo ? Cette nuit là John s'en fichait. Il avait une tâche bien précise à accomplir et qui accaparait tout son esprit.

Il était tard, aux alentours de 3h du matin. A part quelques fêtards insouciants qui traînaient dans les bars et les boîtes de nuit il n'y avait pas un chat. Le contraste était saisissant. Le jour la ville était une véritable fourmilière, toujours active et en mouvement perpétuel. Des rencontres se faisaient, des drames aussi… toute une activité économique et humaine qui ne le mettait que plus mal à l'aise. Il n'aimait pas toute cette vie autour de lui, tous ces gens qui couraient et se bousculaient pour aller travailler, pour aller boire un café ou faire les boutiques.

Ce n'était pas pour rien si John avait choisi de s'installer dans le Queens, car même si le quartier était très peuplé il s'agissait malgré tout de la zone la moins fréquentée de New-York ! La nuit en revanche le silence était devenu le nouveau maître de la ville. Depuis la venue des surnaturels dans ce monde la population avait pris peur. Et en même temps qui pouvait leur en vouloir ? Entre les attaques de vampires nocturnes ou les trafics d’êtres humains qui s'opéraient dans les souterrains le soir, la nuit n'était plus le monde des humains depuis bien longtemps. Seuls quelques insouciants osaient encore s’aventurer la nuit dehors dans certains quartiers.

Mais cette nuit là John avait quelque chose de particulier à fêter.

Il s’engouffra dans les ombres et s'appliqua à faire ce qu'il savait faire de mieux… disparaître. Il marchait à grands pas, l'air absent et dans sa bulle. Ceux qui le croisaient ne le remarquaient presque pas, tant il passait vite, décidé, et semblait presque faire partie du décor. C'était une aptitude que John avait su développer au fil des années. Il était du genre discret, introverti, et n'aimait pas franchement être au centre de l'attention sauf pour de bonnes raisons. Il l’était déjà bien assez dans le cadre de son travail et ça lui demandait beaucoup d'efforts. Il avait donc appris au fil des années à passer inaperçu.

Il marcha pendant une bonne demi-heure mais cela ne lui parut durer que quelques secondes. Il était tellement perdu dans son monde intérieur qu'il en oubliait complètement l'environnement dans lequel il évoluait à l'instant t. À tel point qu'une fois arrivé à destination, il ne se souvenait plus du chemin qu'il avait emprunté. Après tout peu importe il était à présent là où il devait être, ici et maintenant.

Devant une maison en ruines.

Et c'était peu dire. Le toit avait complètement disparu et seules quelques tuiles disséminées par endroits témoignaient du fait qu'il avait jadis existé. Seuls subsistaient quelques murs porteurs mais la quasi-totalité des cloisons avait été pulvérisée, comme soufflée par une explosion et des trous béants perçaient ça et là les quelques murs encore debout. Même dans la pénombre de cette nuit sans lune, juste éclairée par les étoiles qui brillaient, on arrivait à distinguer les traces noires qui parcouraient les quelques parties de l’édifice encore présentes. Avec un peu d’imagination on aurait presque pu deviner quelques nuages de fumée qui flottaient au-dessus des cendres étendues sur le sol. C'était une magnifique désolation.

Ils étaient sur les hauteurs du Queens, en bordure d'un quartier résidentiel très charmant, si on excluait cette ruine. Il y avait une très jolie vue plongeante sur la ville et sur l'océan en contrebas  et au loin on apercevait les gratte-ciel de Manhattan, ces géants de métal qui étaient illuminés de mille feux ce soir là. Mais il n'était pas là pour observer le paysage.

John prit son courage à deux mains, et s'approcha lentement du portail qui, assez curieusement, était la seule partie de la maison qui semblait avoir tenue. Même la boîte aux lettres à moins d'un mètre, avait été pulvérisée par l'onde de choc. À côté de ce qu'il en restait, seule subsistait une plaque, couchée au sol. Personne n'était venu entretenir les lieux depuis des années, aussi elle était à peine visible, perdue au milieu des herbes hautes. Mais on arrivait toutefois à distinguer un nom : Maxwell.

C’est avec une émotion palpable que John entra dans la cour de ce lieu qui était anciennement chez lui. Il n'eut même pas à passer par la porte… il n'y avait plus de porte ! Lentement il s’avançait au milieu des décombres de son ancienne maison et au fur et à mesure de sa progression il ressentait une pression de plus en plus intense. Les battements de son cœur se faisaient de plus en plus forts et des frissons parcouraient son corps. Il traversait chaque pièce et se souvenait de tous les moments qu'il avait vécus ici avec sa famille. Les repas passés ensemble dans la cuisine. Les moments de lecture dans la bibliothèque. Les moments de partage et de complicité dans le salon… D'ailleurs John se trouvait maintenant au milieu de ce fameux salon ! Calciné et ravagé, il ne restait plus grand-chose à part quelques meubles carbonisés… et trois marques blanches en forme de corps humains sur le sol.

La famille de John, son père, sa mère, et sa sœur, avait perdu la vie ici. Dans ce salon. Une tuerie sans nom, presque bestiale. Son père et sa mère avaient eu la gorge tranchée et de multiples coups de couteau. Sa sœur, elle, avait eu le cœur arraché et broyé. Et lui, au milieu de tout ça, avait été épargné. Pourtant il était sur les lieux, juste à côté d'eux. C'était cruel et injuste. Il méritait de partager le même sort que ses proches et se sentait profondément coupable pour ça. L’enquête de police qui a été menée avait conclu à une agression brutale, certainement de plusieurs personnes au vu des blessures très différentes. Mais aucune trace présente… aucune empreinte sur les lieux... aucun élément de preuve n'avait pu être retrouvé pour incriminer qui que ce soit. Beaucoup De questions restaient en suspens. Pourquoi n’avait-il pas été tué lui aussi ? Personne ne le savait. Pourquoi ne se souvenait-il pas de l'agression ? Ça non plus personne ne pouvait l'expliquer. Avait-il été assommé pendant l'attaque ? Tout ce qu'il se souvenait c’était de son réveil et des corps mutilés et en sang autour de lui. Des flammes, de la fumée, et de… cette chose venue du ciel.

John s'approcha lentement, fébrilement de là où il avait retrouvé les corps. Il se mit au centre, à genoux. La gorge serrée, il approcha sa main tremblante de là où se trouvait le corps de sa sœur, Éva. Il toucha le sol et ferma les yeux, comme s’il cherchait à la ressentir. Mais bien sûr sans succès. Il était seul, dans la pénombre, au milieu des décombres.

Il avait quelque chose à fêter pourtant. Et c'était le but de sa présence ici. Il chercha au fond de la poche de sa veste et en ressortit une bougie. Il la plaça comme il put à côté de lui et murmura quelques mots pour lancer un sortilège. Une étincelle jaillit du néant et alluma la bougie, qui brillait maintenant d'une lumière douce et chaleureuse au milieu de cette pièce sombre. Puis c'est dans un soupir qu'il prononça à voix basse :
« Joyeux Anniversaire John. »

Il resta ainsi de longues minutes en silence à contempler cette bougie brûler, dans un état quasi méditatif, perdu au milieu de ses pensées et dans ses souvenirs. Les souvenirs de ses précédents anniversaires en famille, et de toute l’affection et la chaleur de ces moments. Pendant quelques instants John était comme ailleurs, dans un autre monde. Il n'était plus à ce moment là un être de réflexion, il n'était plus que sensation et émotion. Il était à la fois terriblement mal mais aussi heureux de revivre ces moments de joie.

C'est à ce moment là que ça a dérapé.

L’émotion était trop forte pour John. Il laissa échapper une petite larme qui tomba au sol. Rien de plus normal vu la situation… mais cette larme se mit à scintiller d'une lumière bleutée. Pas très intense mais tout de même, suffisante pour que John prenne peur. Il savait ce que ça signifiait. Il fut tiré presque instantanément de sa torpeur et se releva brutalement. La bougie tomba au sol et s’éteignit, plongeant à nouveau la pièce dans la pénombre et dans une ambiance de mort.

Le rythme cardiaque de John commença à s'emballer. Il savait ce qui approchait, il était allé trop loin.. Il n'aurait jamais dû venir ici. Qu’est-ce qui lui était passé par la tête ? Il essaya de se calmer mais n'y arriva pas. Il avait besoin de se fixer sur quelque chose, de ne pas penser à ce qui grandissait en lui.
Il repensa à sa sœur et, foutu pour foutu, il tenta d’établir une connexion avec elle. Il tendit sa main droite dans la direction où elle se trouvait cette nuit là, ferma les yeux et lança un petit mais profond :
« Montre moi. »

Et contre toute attente, cette fois cela fonctionna ! Dans un vacarme assourdissant tout se mit en mouvement autour de lui comme dans un tourbillon de lumière et de flammes. Des images, des bribes de souvenirs de son esprit défilèrent devant ses yeux. Il ressentait à nouveau la chaleur de cette maison, l'odeur puissante de brûlé et la sensation d'étouffement qu'il avait ressentie à cause de la fumée cette nuit là. Les choses devenaient de plus en plus claires, plus que de simples sensations il pouvait maintenant distinguer les meubles, les murs, les couleurs… Il distinguait aussi des sons, un bruit sourd et une multitude de voix qui s’élevaient, qui criaient de terreur. Le cœur de John s’emballa, il y était ! Il allait enfin savoir ce qu'il s'était vraiment passé ! Il sentait une présence dans cette pièce, quelqu'un qu'il connaissait, qui se rapprochait, toujours plus de lui. Il en avait l'intime conviction, dans quelques secondes tout deviendrait clair.

Quand soudain… tout s'arrêta. Brutalement. Sans prévenir. Ce fût à nouveau les ténèbres et la pénombre.

Plein de désespoir et de colère, John rouvrit les yeux… et c'est ainsi qu'il la vit. Une jeune femme se tenait debout devant lui, elle était brune, vêtue d'une robe noire et à la peau terriblement pâle. Cette femme il la connaissait bien. C’était Éva, sa sœur.

Elle le fixait d'un regard à la fois froid et dur mais aussi plein d'amour. Le cœur de John se mit à tambouriner fort, tellement fort dans sa poitrine que la douleur en devenait insoutenable.
Ils restèrent quelques secondes à se fixer du regard avec une profonde intensité. Puis Éva rompit le silence.


« Tu n'es pas prêt. » lui dit-elle simplement.

John eut à peine le temps d'intégrer ce qu'elle disait qu'elle se mit soudainement à hurler de douleur. Un trou béant se forma au niveau de sa poitrine, et le cœur d’Éva, illuminé par un halo rouge lumineux, se mit à flotter entre eux. John fixait le cœur du regard et tenta de l’attraper mais il ne pouvait pas bouger, il était condamné à regarder sans pouvoir intervenir. C'est alors que subitement, le cœur se mit à prendre feu et se consuma.


« NON ! » s'exclama John pendant que le cœur brûlait lentement et qu’Éva tombait au sol devant lui. Le cœur ne fût bientôt plus qu'un petit tas de cendres aux pieds de sa sœur qui rendit son dernier souffle.

C’en était trop pour John. Il tomba à genoux devant cette vision, vaincu. Alors qu’un puissant flot d'émotions traversait son être de part en part il sentait qu’il perdait le contrôle de lui-même. Ses yeux se mirent à briller d'une lumière bleue intense et il entendit dans son esprit une voix forte qui disait :
« Qu’as-tu fait ? ».

C'est à ce moment là que les yeux de John se fermèrent. Il bascula en arrière, perdant connaissance. John ne se souviendra plus de rien cette nuit là.

Au moment de s'évanouir le corps de John se mit à irradier d'une intense lumière blanche, qui pendant quelques secondes, illumina complètement les ruines où il se trouvait. La lumière aveuglante finit par s'atténuer, pour dévoiler… un dragon.

À la fois majestueux et terrible, ensorcelant et oppressant, il se tenait au milieu des ruines, visiblement surpris et en colère de se retrouver là. Il déploya ses ailes sur toute leur envergure et la pierre située sur le sommet de son crâne se mit à briller d'une lumière bleue. Le dragon, comme traversé par un torrent d'énergie magique, avait besoin de décharger toute cette énergie qui se trouvait en lui. Dans un hurlement terrifiant, il ouvrit grand la gueule vers le ciel et cracha de toutes ses forces un rayon continu de lumière blanche en direction des nuages. Le spectacle était à la fois d'une grande violence et magnifique. En effet, le rayon de lumière se diffusait dans le ciel de New-York et se réfractait en de multiples petits rayons semblables à des éclairs lorsqu'ils passaient à travers les nuages. Au sol, cela donnait l'impression d'un orage généralisé, violent et soudain, mais sans la pluie et surtout sans un bruit. L’évènement dura quelques secondes puis disparut comme il était venu.

Le lendemain matin, John se réveilla dans son lit en sursaut, ce qui ne manqua pas de le surprendre. En effet il se souvenait encore de tous les détails de cette nuit mais impossible pour lui de se rappeler comment il était rentré. Il se souvenait avoir encore une fois perdu le contrôle face au dragon mais c’était tout. L'avait-on ramené ? Était-il rentré tout seul par instinct et était-il simplement trop fatigué pour que cela lui revienne ? Et d'ailleurs qu’avait-il fait cette nuit là ? C’était sans doute la partie la plus désagréable de la métamorphose… l'incertitude totale dans laquelle il se trouvait et le nombre de questions auxquelles il ne pouvait pas répondre.

Il se releva et s'assit en respirant longuement. D'un autre côté il se dit qu'il l'avait bien cherché. Quelle mouche l'avait piquée ? Il savait pourtant très bien que les émotions fortes lui produisaient ce genre d'effet… désagréable. Il était allé trop loin, beaucoup plus loin qu'il ne l'aurait dû.

D'autant plus que ce dragon, quel qu'il soit, avait sa volonté propre. Qui était-il et que lui voulait-il ? Avait-il pu blesser, voire pire, dévorer des passants ? Et qui sait, ne serait-ce pas lui le responsable du massacre de cette fameuse nuit ? Après tout c'est une étrange coïncidence qu'il lui soit apparu pour la première fois à ce moment précis.

Encore tout chamboulé par ce qu'il avait vu et ressenti, John se leva, fatigué par ses exploits de la veille, et partit se préparer pour le travail. Il était en retard et devait aller vite. Tant mieux, il n'aurait pas le temps de trop réfléchir. Il prit une douche et après le petit-déjeuner partit sur le chemin de l'université, simplement vêtu de la tenue habituelle qu'il portait lors des cours magistraux qu'il animait, a savoir une veste noire ainsi qu'une chemise et un pantalon de costume. Classique, sobre mais efficace. Malgré tout il avait une mine affreuse ce jour là, et les souvenirs qui lui traversaient l'esprit n'étaient pas pour arranger les choses.

Il prit le métro pour se rendre à l'université mixte située dans le quartier de Brooklyn là où il enseignait. Pendant la petite heure de trajet qui séparait les deux stations, son esprit vagabonda sur les actualités qui défilaient sur son téléphone portable. Il les passait toutes les unes après les autres, les trouvant inintéressantes au possible. Sérieusement qui pouvait trouver important le fait que Rocca Cosmetics mette un nouveau produit sur le marché pour la fin d'année ? Ou encore que le gouvernement humain de New-York soit en train de décider d'une taxe sur les produits magiques créés par les surnaturels ? Ce monde était tellement blasant…

Soudain son doigt s’arrêta sur une actualité un peu différente des autres. En fait il s'agissait d'une vidéo d'un étrange phénomène météorologique qui ressemblait à un orage de lumière blanche… mais sans tonnerre et qui aurait particulièrement été visible depuis les hauteurs du Queens ! John resta bouche bée quelques secondes, il espérait vraiment ne pas y être pour quelque chose.

Le métro s’arrêta devant l'université et John se dépêcha de rejoindre l'école. A la sortie du souterrain il se retrouva nez à nez devant la façade du bâtiment. D'un style assez ancien, et quasi-entièrement bâti dans une essence de bois sombre, l'édifice avait tout de même réussi à surmonter les époques pour se tenir là aujourd’hui.

En bon introverti qu'il était, John resta quelques minutes à l'extérieur. Certes il était passionné par son métier, la recherche et la transmission des connaissances à la nouvelle génération. Mais il ne pouvait s’empêcher de ressentir un certain stress et du trac avant de faire ses présentations. Même s'il savait qu'au final il était apprécié de ses élèves, cette peur était en lui malgré tout à chaque nouvelle conférence.

Il sortit de sa poche un petit médaillon orné de motifs qui ressemblaient à des étoiles dorées. Sa sœur le lui avait donné il y a longtemps afin qu'elle soit toujours auprès de lui lorsqu'il en aurait besoin. Il l’ouvrit lentement et regarda fixement la photo d’Éva qui se trouvait à l'intérieur. Jeune, belle, pleine de vie. C'était ainsi qu'il se souvenait d’elle. Du moins jusqu'à hier soir…

La sonnerie indiquant le début du premier cours de 8h retentit dans l’école. D'un geste, John referma le médaillon et le remit dans sa poche. Il se leva et passa les portes de l'université. Il arpenta rapidement les couloirs qui le séparaient de la salle de cours. La pièce était en pleine effervescence. En même temps, une bande de jeunes adultes bourrés d'hormones qui se retrouvait après un week-end festif avait forcément des choses à se dire ! D'autant plus que les cours de sciences occultes et paranormales avaient le don de provoquer quelques débats parfois houleux. Les cours étaient en accès libre bien entendu mais la quasi-totalité des personnes qui venaient y assister étaient des étudiants réguliers qu'il commençait à connaître plutôt bien. En même temps ça avait toujours été son truc. Sentir, non, ressentir les gens.

John monta sur l'estrade et se prépara. Apres avoir installé son écran de présentation, demandé et obtenu le silence, il lança son diaporama et commença.

Quel était le sujet du cours d’aujourd’hui déjà ? Ah oui !


« Les dragons. »
John Maxwell
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Adrielle Rock
Adrielle Rock
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Dim 22 Nov - 19:21
On ne rencontre personne par hasard : PV Adrielle Rock 1606069042-cara


- Mademoiselle Rock ? -, la voix est hésitante mais elle ne s’arrête pas en si bon chemin maintenant qu’elle s’était lancée. Mademoiselle, Monsieur Newton vous attend en salle de conseil avec les derniers shootings de la campagne « Soir d’Automne », désirez-vous que je lui dise de revenir plus tard ?

Je laisse planer ce silence tellement familier, que je dois probablement lui donner une impression d’être désintéressée par l’arrivée de Newton. Je devrais songer à m’améliorer à ce sujet. Quelques clics sur ma souris pour envoyer mes derniers mails avant de lever le nez de mon clavier en remontant du bout de l’index ma paire de lunette.

- Ce n’est pas nécessaire de reporter, Garance, je vais le rejoindre. Tenez, je vous prie d’apporter ceci à notre maestro des cosmétiques, dites-lui que je valide le Purple Night et le Sweet Candy. Les autres manquent d’un zeste de Roca. Je la vois rentrer sa tête entre ses épaules car elle sait que pour notre maestro ça sera la fin du monde. Et s’il se scandalise comme à son habitude, il sait que j’ai toujours le dernier mot.

Je lui tends le dossier en me levant et arbore un sourire d’encouragement. Mon mètre soixante-treize perché sur des talons et vêtu d’un tailleur Saint Laurent impose détermination et respect quand je pénètre dans la grande salle. Newton semble un poil nerveux quand il étale ses choix photographiques les uns après les autres. Je me demande pourquoi cela ne lui ressemble guère.

- Nous allons enfin voir ce que notre nouveau visage va rendre pour cette campagne automne 2020. Vous avez l’air de tiquer Nikolaï. N’a-t-elle pas répondu aux attentes espérées ?
- Une nouvelle égérie c’est toujours un moment de stress pour moi malgré mon expérience.


Mes doigts déclassent certains clichés une fois que mon regard ait terminé l’inspection tel un général posant un jugement sur ses troupes. Ma foi ce n’est pas tout à fait faux puisque chaque campagne que nous lançons est une offensive commerciale dont les échéances nous sont pour l’instant inconnues.

- Je maintiens que nous aurions pu vous mettre en scène pour ce lancement. Qui mieux qu’Adrielle Rock pourrait représenter Roca Cosmetics ?
- Notre nouvelle égérie, Nikolaï.
-, Souriais-je en soulevant un cliché. Personnellement je la trouve parfaite puis vous savez que je ne pose plus devant les objectifs. N’essayez pas de me flatter vous perdez votre temps mon vieil ami. Ma sélection terminée. Nous prendrons ces photos pour notre communication. Autre chose Nikolaï ? Bien vous pouvez disposer.

Je le laisse remballer tandis qu’inconsciemment mes pas me mènent jusqu’à la baie vitrée. La nuit tombe si vite en cette saison que je me demande si j’ai vu le soleil aujourd’hui. De nuit comme de jour on perçoit toujours l’effervescence des rues. Le bâtiment qui abrite Roca Cosmetics ne fait pas partie des gratte-ciels mais il est assez haut pour me permettre d’apercevoir une partie de l’étendue de la ville entre un grand hôtel et les bureaux de la banque Wells Fargo. Sinon la vue plonge dans la rue au va et vient incessant des taxis et véhicules en tout genre.

Un toussotement dans mon dos me signale la présence de Garance.
- Oui ?
- Le Maestro a menacé de démissionner, Mademoiselle Rock.
- Croyez-moi Garance, cela lui est impossible et il le sait. Autre chose ?
- Je voulais savoir si je pouvais sortir un peu plus tôt ce soir… c’est notre anniversaire … celui de notre rencontre… je pensais que … enfin comme toutes mes tâches sont terminées…
- Bien entendu Garance, vous avez ma permission.
-, Je me retourne. Comment s’appelle l’heureux élu ?
- L’heureuse élue Mademoiselle
-, elle rougit. Esmée, elle est danseuse classique.
- Et bien passez un bon anniversaire avec votre compagne Garance… je comprendrai si jamais vous avez un peu de retard demain matin.

Son étonnement la laisse sans voix mais pas sans couleurs plus intenses sur ses joues avant de se sauver. Je reste seule encore dans la salle la journée n’est pas encore terminée pour moi.

Les minutes s’égrainent puis les heures avant que les locaux ne se vident peu à peu des employés. C’est mon estomac qui m’alerte pour l’heure. Presque vingt-une heure… Demain sera lancée « Flamboyant » le fleuron de la fin d’année. Un parfum mixte qui me rappelle les thés de Noël avec ces notes de cannelle.

J’entoure ma gorge d’une écharpe en laine à grosses mailles après avoir enfilé mon trench pour descendre les étages jusqu’au rez de chaussée. Un bonsoir d’un signe de tête au portier, je m’engouffre dans un des taxis en file d’attente.

- 2 East 73rd Street, s’il vous plait.

Probablement une demi-heure de routes si tout va bien avant d’arriver au pied de chez moi.

Après avoir vu de haut l’effervescence de la ville, je l’observe derrière la vitre de mon taxi. Bientôt Halloween, les magasins affichent timidement leur décoration pour le moment. Sorcières, démons allez-vous fêter Samain… Machinalement mes doigts font tourner ma bague. Chevalière millénaire et lien ancestral avec …lui. Amaru comme ils se sont plu à le nommer ainsi. Mon plus fidèle ami et protecteur. Son souvenir soulève des émotions trop fortes que je n’arrive pas à contrôler. Mon regard se noie dans les larmes que j’essuie aussitôt. Je n’ai toujours pas d’explication pour sa brutale disparition. Était-il mort ? Mon cœur devient douloureux, les larmes inondent à nouveau mon visage. Je refuse d’y croire.

- Ça ne va pas Mademoiselle ?

Je ne répondrai pas, perdue dans mes souvenirs.

Une fois chez moi, adieu talons et tailleur Saint Laurent, je trouve le confort d’un large sweat et d’un bas de jogging. Au diable les tenues sexy, personne ne m’attend et ce n’est pas le livreur de sushis qui s’en formalisera. Il est pratiquement 22h30 quand je m’installe sur le canapé pour manger devant SOS Fantôme avec le maitre des clés et le professeur Venkman, vous voyez. Je dois le connaitre par cœur à force mais je ne m’en lasse pas. Par contre, Gozer le destructeur, lui il existe vraiment quand le film est sorti en 1984, le Haut Conseil s’est interrogé à son sujet, se demandant si ce n’était un mode d’emploi pour le libérer.

Le film a raison de moi, c’est sûrement parce que je le connais par cœur, je m’endors sur mon canapé avec en fond sonore Zuul en pleine lévitation au-dessus de son lit. Je ne sais pas si c’est le son ou si je commence à rêver mais des flashs agitent mon sommeil. Mes lèvres appellent : Amaru. Sur mon front s’affichent les symboles liés à ma nature de fée, je m’agite de plus en plus quand la chevalière devient aussi brûlante que des braises. Tellement brûlante qu’elle me tire de mon sommeil brutalement. Ma respiration est anarchique lorsque mes yeux se posent sur la bague.

- …c’est impossible…

A peine avais-je prononcé ces quelques mots qu’une éruption lumineuse jaillit au loin éclairant le ciel de son faisceau bleuté. Je me précipite, les mains collées à la baie vitrée, regardant l’intensité lumineuse sortant de je ne sais où du Queens.

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- Impossible… -, Ma chevalière me contredisait pourtant. Je m’attendais à le voir surgir flamboyant, majestueux pour venir jusqu’à moi mais rien, je ne voyais rien que ce faisceau qui finit par disparaitre. Non, non, nooon …reviens…Amaru….

Le scintillement de ma bague finit également par se faner pour disparaitre. Aussitôt je bondis sur mon portable pour joindre le Conseil restreint des fées des Marais. Tout est mis en place pour que la source de l’émanation du rayon lumineux soit localisée. Peu importe ce que cela couterait si nous devions faire appel au marché noir.

Accompagnée d’une garde et d’une sorcière, je foule les ruines d’une vieille bicoque dont tout laisse supposer qu’il y a eu un incendie. La sorcière est formelle, c’est bien ici qu’une grande source d’énergie à émerger. Mon regard se porte sur ma chevalière. Aucune manifestation.

- Regardez votre altesse.
La garde me tend les vestiges d’une plaque sur laquelle on devine le nom de Maxwell.
- Je veux savoir qui habitait ici et ce qui s’est passé.  

Plus tard…

Le cours était déjà commencé lorsque je pénètre dans l’amphithéâtre. Je m’excuse d’un signe de tête lorsque les yeux du professeur se pose sur moi. John Maxwell seul survivant au terrible incendie qui le priva d’une famille. J’avais secoué tous mes contacts pour retrouver au plus vite les anciens locataires de cette maison en ruine. Je ne sais pas quel miracle l’homme n’a pas pu se résigner à partir loin mais je ne vais pas certainement pas le regretter.

Je prends place au fond pour mieux l’observer sans perturber son cours. Un costume usé et la mime fatigué, il n’en est pas moins séduisant. Un mélange mélancolique et à la fois passionné émane de sa personne. Concentrée sur lui, je n’avais pas prêté encore attention au sujet qu’il était en train de traiter. Les dragons ! Mon cœur fit un bon dans ma poitrine. Je ne pouvais pas croire au hasard… impossible autant de coïncidences.

J’écoutais attentive ce qu’il allait bien pouvoir apprendre à son auditoire sur les dragons.
Adrielle Rock
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John Maxwell
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Mer 25 Nov - 18:38
Une certaine appréhension. Une boule au ventre. De légères nausées. C'était ce que ressentait John avant toute prise de parole en public. Était-ce la peur du ridicule ? De paraître incompétent ou illégitime ? Ou tout simplement son caractère introverti naturel ? Certainement un subtil mélange des trois.

Les cours magistraux étaient un excellent miroir du comportement de John dans la vie de tous les jours. Il était frileux à l'idée de se lancer car sa peur de sortir des sentiers battus l’empêche de tenter de nouvelles choses. Mais une fois lancé, John devient une vraie locomotive et se donne à fond, explosant le noyau des sujets qui le passionnent.

C'est exactement ce qu'il se produisait lorsqu'il donnait un cours. Une fois la phase de stress passée, John devenait un autre homme. Détendu, le dos droit, souriant, parfaitement à l'aise voire presque trop théâtral, drôle… Ceux qui le connaissaient bien (et ils sont peu nombreux) étaient toujours surpris par ce changement brutal de personnalité, ce contraste saisissant entre ce qu'il était et ce qu'il pouvait être. En ce sens, John était un vrai caméléon car lorsqu’il parlait de ses passions, il paraissait parfaitement à l'aise avec la foule et les gens autour de lui. Pourtant, bien peu connaissaient vraiment le fond de son cœur, cette façade émotionnelle parfois si expansive le faisait passer, à tort, pour un extraverti assumé.

John prit son courage à deux mains, son laser dans l'autre main et s'avança sur l'estrade pour débuter son cours.

À peine s'était-il préparé à parler que quelqu’un entra dans l’amphithéâtre. C'était une jeune et jolie jeune femme, assez grande et aux cheveux blonds. Elle lui fit un signe de la tête comme pour s'excuser du retard et s'assit dans le fond de la salle. Bien qu'elle soit placée assez loin, John arrivait tout de même à distinguer son visage et il était sûr d'une chose. Il ne la connaissait pas. Et c'était sans doute la première fois qu'elle assistait à l'un de ses cours. Elle était bien trop jolie pour passer inaperçue. Sans doute une personne intéressée qui a trouvé le cours sur le site en ligne de l’université ? Ou bien quelqu'un qui venait juste rejoindre un de ses étudiants réguliers ? Au final, peu importe, c’était surtout une pression supplémentaire pour John bien qu'à ce moment là il soit persuadé qu'elle n'était pas du tout intéressée par ce qu'il avait à dire sur… c'était quoi le sujet du cours déjà ? Ah oui !


Les dragons.

Après quelques explications sur le plan qu'il avait conçu pour traiter ce sujet complexe, John fit défiler les slides de la présentation jusqu'à sa première partie : Qu’est-ce qu'un dragon ?

C'est un serpent avec des ailes !

Oui et qui crache du feu !

Qui protège un trésor ou une princesse !

C'est un mythe, ça n'existe pas !

C'est l'incarnation du Diable !


John marqua un léger silence avant de répondre. Il était ravi que le sujet intéresse un peu ses étudiants pour une fois.


Et bien, c'est un peu tout ça à la fois ! dit-il en souriant.

Vous le verrez dans la prochaine partie mais la définition d'un dragon est extrêmement variable en fonction de sa localisation géographique et de la culture ! Néanmoins il y a de nombreux éléments qu'on retrouve presque toujours.

Un dragon est toujours un reptile, soit un lézard géant soit plutôt vu comme un serpent mais dans tous les cas il s'agit d'un reptile couvert d'écailles et de très grande taille, pouvant facilement atteindre une trentaine de mètres de long voire beaucoup plus pour les dragons les plus anciens.

Comme il s'agit d'un reptile, c'est une créature qui a un lien très fort avec la terre et le monde souterrain, parfois même aux Enfers dans certaines mythologies. Mais il contraste avec ses congénères reptiles par le fait qu'il est aussi une créature aérienne. Dans presque toutes les cultures, les dragons sont des êtres volants, qu'ils aient des ailes ou non ! Et à ce titre ils sont donc aussi à l'aise sur terre que dans les airs et représentent également les divinités du ciel.


Il laissa à ses élèves le temps d’assimiler avant de continuer.

Les dragons sont très fortement liés à la magie mais au sens large ! Certains crachent effectivement du feu mais la plupart d'entre eux sont profondément liés à une source de magie qui leur est propre et qui les anime. Il existe des dragons qui n'évoluent que dans certains milieux et qui ont donc des capacités magiques en accord avec ces lieux. Par exemple les dragons des glaces ne se trouvent que dans les montagnes les plus froides ou aux confins de grottes gelées et n'utilisent que de la magie de glace, comme des souffles gelés ou des écailles magiques glacées qui leur confèrent une résistance supplémentaire.

Un autre exemple, certains dragons, très rares, sont stellaires et trouvent la source de leur magie dans les étoiles. Ils sont donc particulièrement à l'aise dans les airs et utilisent une magie basée sur la lumière, comme des rayons lumineux par exemple.


Il reprit après une courte pause.

Contrairement aux idées reçues les dragons ne protègent pas tous un trésor ou une princesse. C'est relativement courant dans la littérature occidentale mais c'est très peu vrai dans les autres mythologies. D'ailleurs quand on parle de mythologie !

Il passa le slide d'après qui annonça la partie suivante : Origine et mythologies des dragons.

Comme je disais tout à l'heure les dragons ont des représentations et des caractéristiques très différentes en fonction de la culture dans laquelle ils évoluent. Et d'ailleurs vous êtes un très bon exemple puisque tout à l'heure vous m'avez cité presque toutes les caractéristiques des dragons occidentaux. Mais tous les dragons ne leur ressemblent pas loin de là !

Par exemple les dragons orientaux sont très différents de leurs homologues européens. L’écrasante majorité d’entre eux vole mais ne porte pas d'ailes ! Ils se déplacent dans le ciel en oscillant tels des serpents mais très peu sont dotés d’ailes et le plus souvent il s’agit de plumes et pas d'ailes de chauve-souris comme les dragons occidentaux. Ils ne crachent pas de feu et ne sont pas mauvais bien au contraire, ils sont très souvent associés au pouvoir en place, au maintien de l'ordre établi et à la puissance divine. Ce sont des sources de bienveillance et de magie très positives notamment en Chine.


Il marqua une courte pause puis reprit.

Assez étrangement on retrouve des traces de dragons dans une grande majorité de cultures sur la planète et sur tous les continents. Les premières représentations connues seraient venues d'Afrique puis auraient dérivé lentement sur l'ensemble du globe au fil des âges et ce même pour des civilisations qui n'ont jamais été en contact. Par exemple en Amérique du Sud, bien qu’il ne soit jamais fait officiellement mention de dragons, on retrouve des monstres très similaires. Par exemple Quetzalcoatl, le serpent à plumes, était une divinité très importante dans le panthéon aztèque et méso-américain en général. Il s’agissait d'un serpent volant doté de plumes capable de miracles. Ce qui est assez proche de notre représentation contemporaine du dragon.

Il enchaîna ensuite pendant une demi-heure sur de multiples sociétés et cultures par-delà le monde et de toutes époques qui adoraient, vénéraient ou craignaient des dragons. Puis il se recentra sur la vision la plus courante de la bête.

Aujourd’hui dans nos sociétés occidentales la vision du dragon a été profondément impactée par la religion. En particulier la religion catholique qui y voyait une incarnation du Mal. Le Diable lui-même, dans la Bible, se transforme en dragon pour enlever Marie. Un énorme dragon rouge qu'on appelle Draco Magnus, le plus grand et le plus puissant dragon qui n'ait jamais existé et qui fût vaincu et précipité hors du Ciel par les Archanges. C'est depuis la découverte de ces textes saints que les dragons jouissent d’une si mauvaise réputation dans le monde médiéval. Ils sont à présents vus comme des bêtes maléfiques, des monstres cracheurs de feu dévoreurs de jeunes filles vierges et protecteurs de trésors. Des vestiges des anciens mondes polythéistes qui détournent les humains de leur véritable Dieu qui sont tués par des Saints afin de protéger les mortels de leur puissance maléfique.

Il marqua un silence dans son discours et en profita pour vérifier l'attention de l’assemblée. La plupart de ses étudiants semblait écouter attentivement, d'autres parlaient entre eux. Mais c’était plutôt rassurant !

Si on y réfléchit un peu c'est le cas de beaucoup de dragons célèbres. Si on reste dans le domaine des textes anciens on a bien évidemment Draco Magnus, l'histoire de Saint George terrassant le dragon, de l’Archange Michel qui combat également un dragon... Dans les œuvres de fiction on retrouve les dragons créés par Tolkien, Smaug, Glaurung, Ancalagon… tous des dragons servant le Mal et vouant une haine féroce à la lumière.

Dans la mythologie nordique on retrouve le dragon Fafnir, qui était à l'origine un nain transformé en dragon comme punition par les Dieux. Le héros Siegfried tue ce dragon au bout d'un combat acharné et se baigne dans son sang, censé rendre tous ceux qui le portent invulnérable. Siegfried en ressort complètement recouvert d'une armure d'écailles impénétrables mais pour son plus grand malheur une feuille s'était glissée sur sa peau lors de la transformation et le dota d'un point faible qui causera sa mort.


Il n'y avait plus un bruit dans la pièce. John remarqua que ces légendes semblaient retenir l'attention de ses élèves et en profita pour raconter plusieurs histoires. Le combat entre le dragon blanc et le dragon rouge dans le mythe du roi Arthur, la légende du Nidhhog, puissant dragon scandinave qui serait en partie à l'origine du Ragnarok, la fin des Temps ou crépuscule des Dieux. Les mythes de la Vouivre et de la Tarasque qui semèrent la terreur en Europe au Moyen-Âge. Les légendes de Python en Grèce et de Tian-Long, le dragon céleste, en Asie.

Une bonne demi-heure et quelques histoires plus tard, John fit une pause dans ses explications avant de passer à la partie suivante. Le slide suivant affichait simplement un titre : Les dragons, mythe ou réalité ? Un brouhaha commença à se faire entendre dans la salle et John sourit. Il voulait ce sujet un peu provocateur.


Allez-y exprimez-vous. Il n'y a pas de mauvaise réponse. dit-il à l'auditoire.

Moi je pense que les dragons existent ! Sinon pourquoi on les retrouverait dans autant de légendes ? Il y a forcément une part de vérité ! s'exclama Laura, une de ses élèves les plus brillantes.

Ah oui ? Alors pourquoi on en a jamais vu ? Il y a des surnaturels plein les rues mais pas un seul dragon ! Des fées, des loups, des vampires, des trolls, des ogres, des licornes, mais des dragons ? Personne n'en a vu un seul en 3 ans ! Soit ils n'ont jamais existé soit ils sont tous morts ! s'exprima ainsi Karl, un jeune étudiant prometteur mais à l'esprit un peu borné.

Aussitôt le brouhaha s’intensifia et 2 groupes d'élèves se mirent à échanger, parfois de manière un peu virulente, sur leurs croyances respectives.

Vous voulez la réponse ? rétorqua John, amusé.

Plus un mot dans la salle. John sourit, il avait récupéré le contrôle du groupe. Bien évidemment il avait la réponse puisqu’il l'avait vécu. Mais en aucun cas il ne devait révéler l’existence des dragons de manière formelle ou laisser échapper un semblant de preuve. On ne savait jamais…

Vous avez tous raison. L’existence des dragons n'a jamais été prouvée et n'a jamais été observée par qui que ce soit de nos jours. Même avec les évènements récents, les dragons semblent se faire discrets dans notre vie de tous les jours. Sans preuve aucune, votre intime conviction repose principalement sur vos croyances personnelles, sur qui vous êtes. Certains d’entre vous, rêveurs, idéalistes, auront l’envie d'y croire. D'autres, plus terre à terre, plus réalistes, jugeront les faits et croiront en ce qu'ils voient. Les 2 hypothèses se tiennent et doivent chacune être respectées.

Une fois le groupe apaisé il reprit son explication.

Effectivement nous n’avons aucune preuve de l’existence des dragons. Mais laissez-moi vous raconter une anecdote. C'est l'histoire étonnante… du panda !

John profita de l'effet de surprise générée par son annonce pour dévoiler à l'écran la photo d'un panda géant et adopta un ton volontairement décalé.

Pour les plus gros ignorants d'entre vous un panda c'est ça ! Une espèce de gros ours d’Asie noir et blanc. Je vous replace dans le contexte. On est en 1869. Les geeks viennent de découvrir Vingt Mille Lieux sous les Mers, les jeunes femmes de bonne éducation soupirent en lisant l’Éducation Sentimentale et on se fout tous plus ou moins de la gueule de Napoléon III. Et personne ne sait ce qu’est un panda !

Après avoir établi le contexte, John alla plus en avant dans son histoire.

Le père Armand David, parti en exploration en Chine, découvre auprès de chasseurs la peau d'un ours blanc avec des tâches noires. Fasciné, il demande à la population de lui en ramener un, mais on lui en amène un mort en lui expliquant que c'est pas facile à trimballer vivant comme bestiole ! Une expédition scientifique commence alors et des dizaines de scientifiques européens partent pour la Chine pour chercher un panda. Mais ils n'en trouvent pas ! En 1900, après plus de 30 années de recherches infructueuses, les scientifiques en arrivent à la conclusion à laquelle nos experts seraient arrivés aussi : les pandas sont éteints.

On ne parviendra à en observer un vivant qu'en 1929. Ça veut dire que de 1869 à 1929, pendant 60 ans, des scientifiques, chevronnés et équipés, n'ont pas réussi à trouver un animal de la taille d'un ours ! Tout en sachant avec certitude non seulement qu'il existait mais en plus où il vivait !


John laissa volontairement le temps aux esprits d'intégrer avant de donner sa conclusion.

Je suis naturellement sceptique, mais cette anecdote doit nous faire relativiser. Si les pandas nous ont échappé pendant 60 ans alors qu’on était certains de leur existence… imaginez tout ce qui peut nous échapper alors qu'on ne fait que croire qu'ils existent.

John était ravi, il venait de regagner complètement l'attention de sa classe. La fin du cours approchait alors il allait devoir maintenant profiter de ce regain d'attention pour les faire réfléchir davantage et pourquoi pas… leur donner une leçon de vie. Pour lui, plus que de leur apporter des connaissances, le rôle d'un bon enseignant était d'apprendre la vie à ses élèves.

Pour terminer ce cours, car le temps passe si vite… je voudrais qu'on s'attarde sur un dernier sujet et sans doute le plus important de tous. La signification de tout ça. C'est une question abstraite, peut-être aussi très personnelle. Mais quel est le sens de ces histoires ? Quel est le sens de toutes ces légendes et finalement quelle est la place des dragons dans tout ça ? Pourquoi sont-ils là ? Pourquoi existent-ils ?

Gros silence dans l'assemblée, qui visiblement, ne s'attendait pas à ce type de question.

Euh… pour nous faire peur ? Nous rappeler que le monde est dangereux ?

Pour nous faire rêver, nous dire qu'il y a une force qu'on ne maîtrise pas !

Nous faire culpabiliser ? Quand on tue un dragon on devient un dragon nous-mêmes ?

Ils existent parce qu'ils existent ! Pourquoi vouloir trouver une explication à tout ?


John resta impassible face à toutes ces réponses mais intérieurement il était heureux que ses étudiants aient poussé la réflexion aussi loin.

Encore une fois, vous avez tous raison. Les êtres humains ont eu le besoin de s'inventer des histoires de dragon. Parce qu’ils font peur, qu'ils rapprochent les autres hommes dans un but commun, se défendre et survivre en groupe. Pour développer notre imaginaire, notre foi en la magie et les forces occultes. Nous rappeler qu'on ne peut pas tout maîtriser et qu'il faut rester humble face au monde. Et également pour nous donner une leçon, c’est qu'ils peuvent être apprivoisés, d'une manière ou d'une autre.

Il laissa le temps à son auditoire de prendre des notes avant de reprendre.

Aucun d'entre vous n'en a parlé mais l'acte de bravoure le plus fort et de surcroît le plus rare quand on se retrouve face à un dragon ce n'est pas de le tuer… c'est ce qu'on appelle le fier baiser ! Cette croyance raconte qu'il existerait des dragons qui sont en réalité des humains brisés par la vie qui ont été transformés par un sortilège. Afin de briser l’enchantement, la créature doit persuader un humain du sexe opposé de lui faire un baiser sur la gueule. Ce fier baiser comme on l'appelait au Moyen-Âge, fier prenant ici le sens de courageux, est la seule condition pour briser tous les sortilèges. À condition bien sûr que ce soit un baiser d'amour sincère…

John s’arrêta quelques secondes, perdu dans son esprit et pensa à voix haute.

Peut-être que tous les dragons de notre vie ne sont finalement que des princes ou des princesses qui attendent de nous voir heureux ou courageux ?

Il resta quelques instants dans les nuages. Finalement John se ressaisit et sortant de sa torpeur constata que l'heure de fin de son cours était imminente. Il fallait clôturer son intervention.

Est-ce que vous avez des questions ?

Les gens se regardèrent, sans réaction. John allait déclarer la fin du cours quand Laura sortit du silence pour poser une ultime question.

Et vous Monsieur, c'est quoi votre opinion ? Sur les dragons ?

John se tût quelques instants. Il n’avait franchement pas anticipé la question et ne savait quoi répondre. Il y avait d'un côté la peur qu’il ressentait, de ce qui était en lui. La terreur même… et de l'autre une sorte de fascination sur le sujet. Un mystère qui le faisait rêver.

Il resta planté là quelques secondes, sans bouger, dans un état quasi méditatif, le regard dans le vide. Et il laissa finalement parler son cœur.

Je crois… je crois qu'il y a un dragon en chacun de nous. Qu'on admire, qu'on idéalise… ou bien qui nous détruit. Et qu'il nous appartient, à nous et à nous seuls, soit de l'accepter… de lui offrir ce fier baiser… ou de le tuer.

Le silence qu'il y eut à ce moment là dans l’amphithéâtre ne laissait entendre que le tic tac incessant de l'horloge murale. Heureusement qu'elle était là car sans elle John serait sans doute resté encore un moment dans son monde. Juste avant que la sonnerie ne retentisse et qu'une horde d'étudiants ne dévale les couloirs de l’établissement, John se reprit et clôtura à sa manière.

Pour terminer ce cours je souhaitais vous laisser sur une citation de Gilbert Keith Chesterton qui doit vous faire réfléchir. « Les contes de fées ne révèlent pas aux enfants que les dragons existent. Les enfants le savent déjà. Les contes de fées révèlent aux enfants qu'on peut tuer ces dragons. »

La sonnerie se fit entendre dans toute l'école. Pile à l'heure. Les étudiants se mirent à ranger leurs affaires et à se lever pour suivre le reste de leur emploi du temps.

John quant à lui resta un instant immobile, encore un peu dans sa bulle par cette fin de cours un peu particulière. Puis il se dirigea vers son pupitre et commença à ranger ses affaires. Ça y est, le spectacle était terminé. Il souffla longuement comme pour évacuer le trop plein d'émotions ressenties. Il pouvait enfin redevenir qui il était et vraiment lui-même. Même si ça lui faisait du bien, ces longs moments à être au centre de l'attention l'épuisaient et il avait besoin de se retrouver un peu au calme.

Il commença à ranger ses affaires et pensa à la suite de sa journée. Pas d'autres cours de prévus, il avait du temps libre pour vaquer à ses occupations habituelles et à ses recherches. Voire même pour se reposer un peu, car la nuit précédente avait été rude…
John Maxwell
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Adrielle Rock
Adrielle Rock
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Mer 30 Déc - 20:39
Je n’ai pas eu à côtoyer les bancs des universités comme ces jeunes gens, que j’observe discrètement, attentifs pour la plupart aux paroles de leur professeur. J’ère depuis si longtemps sur cette terre que je ne me rends pas compte que je ne suis guère plus âgée physiquement et pourrais très bien passer pour l’une d’entre eux dans un autre cycle universitaire. Mon regard se reporte sur l’objet de ma venue : John Maxwell. L’homme qui paraissait éteint avant de prendre la parole, s’illumine presque aussitôt son sujet lancé. Et pas n’importe quel sujet… Tant de coïncidences ne pouvaient pas être le fruit du hasard. Impossible. Cependant je ne parvenais pas à trouver le lien avec la manifestation d’Amaru et ce… professeur d’université.

Le sujet semble susciter une belle motivation des étudiants. Le côté magique ou mythologique des dragons sans doute à moins que cela ne soit la capacité de Monsieur Maxwell à rassembler. Je suis moi-même capturée par son éloquence passionnée même si le sujet m’est familier. L’étalage des connaissances des étudiants fait naitre plusieurs sourires sur mes lèvres en fonction des énumérations farfelues pour certaines mais tant que cela.

Ailes, feu, Princesse vous imaginez bien que ces énoncées ne peuvent être que confirmer. Toutefois, je mets un bémol quant à l’existence d’un trésor. Certes nous n’étions et ne sommes pas dépourvus de richesses mais Amaru était avant tout un protecteur et un combattant.

Mes yeux se braquent sur le petit dernier ayant suggéré qu’un dragon pouvait incarner le Diable. Théorie qui prête au débat bien que selon moi, c’est la relation entre l’être et son dragon qui fera justement du dragon un combattant du bien ou du mal. Du plus loin que remonte mes propres connaissances en dragon, je ne saurais dire s’il est possible de les posséder au sens propre. Je veux dire par là de faire corps avec eux. Ma foi, il n’est pas impossible pour quelques rares sorciers de prendre le contrôle sur des êtres moins puissants comme des animaux, alors pourquoi pas… Mes expériences ne m’ont pas mise face à des dragons contrôlés.

Je ne regrette en rien mon arrivée pendant un cours. Le développement des recherches de Monsieur Maxwell, est impressionnant, je découvre même des spécificités que je ne connaissais pas. Mon attention redouble quand il aborde Quetzalcoatl, qui n’est autre pour moi, que la déclinaison au fil des siècles d’Amaru.

La suite n’en est pas moins … comment dire… divertissante sur le Draco Magnus friand de demoiselle pure et innocente. Je ne peux pas m’empêcher de rouler des yeux en soupirant. Sérieusement comme si ces jeunes filles avaient meilleur goût que celles qui avaient pu déjà voir le loup. La religion des hommes a tellement été la cause d’absurdités. C’est une métaphore de plus qu’elle aura inventé pour effrayer les jeunes demoiselles et les tenir loin des tentations de la chair.

* Quel merveilleux conteur. *

La question cruciale : existent-ils ? Cela soulève un engouement général et une enfilade de réponses. L’étudiante évoquant qu’autant de légendes à travers le monde ne pouvaient qu’attester de leur existence, elle me plait bien et est incontestablement perspicace. Je me permets de répondre au jeune homme suivant :

- Parce qu’ils sont rares et se méritent. -, sentant que mon intervention pouvait paraître comme une affirmation, j’ajoute : … enfin peut-être.

Le timbre de ma voix jusque là inconnue puisque je n’avais jamais assisté aux cours, fait converger un grand nombre de regards sur moi puis s’en suit de quelques chuchotements. Je crains fort avoir été reconnue par certaines étudiantes férues de notre marque.

Le débat s’enflammait et j’avoue avec soulagement que je ne suis pas mécontente que Monsieur Maxwell reprenne la direction de son cours malgré un rebondissement auquel je ne m’attendais pas mais qui avait au moins le mérite de d’apaiser les esprits sous tension. Tous avait le droit de croire ou de ne pas croire cependant une seule vérité avait droit au chapitre : il existe bien mais sont Du reste toutes les légendes ne sont pas vraies et résultent de l’imaginaire pour embellir ou discréditer un fait bien réel.

L’anecdote du petit Panda est tout à fait charmante mais la démonstration marque bien le fait qu’il ne suffit pas de croire qu’en ce qui peut être vu mais bien de croire en ses rêves pour qui sait un jour les voir prendre formes. Sinon tous ces explorateurs qu’ils soient marins ou de simples aventuriers n’auraient jamais apporté une nouvelle dimension du monde aux yeux des hommes. La curiosité, la détermination voila ce qui selon moi permet de répondre à ses rêves… même si tout n’a pas forcément débouché que sur du bien.

« Imaginez tout ce qui peut nous échapper » * Mhm… comme d’avoir une fée dans son cours professeur ? *

Le cours tirant à sa fin, j’essaie de me faire discrète. Le professeur Maxwell conclue par un épisode qui retient particulièrement mon intérêt par la poésie de son imaginaire romantique. Celui-ci me laisse interrogative sur sa véracité mais qui suis-je pour mettre en doute cette hypothèse alors que ma propre lignée ne peut enfanter des mâles si le sort qui a scellé cette volonté, n’était pas brisé par un amour véritable.

* Est-ce que Amaru serait emprisonné dans le corps de ce professeur ? *

C’était sans doute la question la plus attendue quand il autorisa à nouveau son assemblée à prendre la parole. Celle-ci me fait me redresser et fixer sans ciller Monsieur Maxwell. J’avoue que sa réponse me perturbe beaucoup. Serait-ce une vérité déguisée ou une simple métaphore pour inculquer à ses étudiants qu’ils sont maîtres de leur destin en écoutant leur « moi » intérieur ? Sachant ce qu’Amaru s’est manifesté il y a peu, j’ai du mal à me retirer de l’esprit qu’il n’y a aucun lien entre lui et mon dragon.

Cette fois le cours est terminé, c’est l’euphorie pour sortir après une citation qui m’attriste mais qui ne m’étonne pas de Chesterton. Une âme démoniaque dont la seule survie dépendait du cœur de dragon justement. Sa disparition ne manquera à personne.

Je patiente que la salle se vide pour descendre à mon tour et rejoindre le professeur Maxwell, un sourire aux lèvres.

- Puis-je prolonger votre cours et vous posez une nouvelle question Monsieur Maxwell ? -, J’attends de capter son regard pour reprendre. Vous avez donné votre opinion mais croyez-vous en l’existence des dragons ? -, Je souris à nouveau. Peut-être dois-je conclure que vous cherchez votre panda … à un instant j’ai cru que vous vous mettiez à la place du dragon, attendant de recevoir ce baiser libérateur. Vous sembliez si … rêveur mais peut-être étiez-vous simplement perdu dans vos réflexions.

Je lui tends la main.

- Adrielle Rock, j’ai énormément apprécié votre cours.
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John Maxwell
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Jeu 31 Déc - 16:14
Une surprise ! Une bonne surprise assurément !

Le cours était terminé et tout ses étudiants semblaient ravis tandis qu'ils quittaient la salle. Et mieux encore John n’avait pas fait de faux pas. Il avait réussi à dépasser sa nature discrète pour donner le meilleur de lui-même à ses élèves. Étrangement bien que cela lui fasse peur et l'épuise, il ne se sentait vraiment vivant que pendant ces moments là. Le reste du temps il était mort de l’intérieur depuis bien longtemps.

Il se remit presque immédiatement dans sa bulle après cet exercice. Il en avait tellement besoin. Il était en train de plier ses affaires et de se replonger dans ses explorations mentales quand une voix qu’il ne connaissait pas se fit entendre.

John se retourna et observa, surpris, la jolie jeune femme qui s’était incrustée au début de son cours et qui était venue le saluer. Enfin, plus exactement, lui poser davantage de questions. Il laissa parler à cet instant ses petites voix intérieures.

*Regarde John, regarde ! Quelqu’un qui s’intéresse à nous ! C'est pas commun !*

*Pffff… arrête un peu de croire que le monde tourne autour de toi. Pourquoi quelqu’un s'intéresserait à une loque comme toi ?*


Elle se présenta. Effectivement le nom d’Adrielle Rock ne lui parlait pas du tout. Il était certainement un des seuls dans la salle à ne pas connaître la célèbre entreprise de cosmétiques qu'elle dirigeait si habilement. Il est vrai que le sujet ne l'intéressait guère, pour ne pas dire pas du tout.

*Elle a visé juste on dirait ! Elle est perspicace la jeune demoiselle !*

*Hey John Loque, attention un peu à ce que tu vas dire. Si ça se trouve c’est un piège, elle a l'air d'en savoir beaucoup. Méfies toi, on ne sait rien d'elle...*


Ça fait beaucoup de questions en une seule fois.
répondit John d'un ton amusé.

Il prit le temps de la réflexion et choisit finalement d’écouter sa voix intérieure et de ne pas trop en dire.


Et bien oui, je crois aux dragons. Enfin, je n'ai pas de preuve de leur existence bien sûr, mais je serais ravi qu'ils existent. Croire en ce genre de choses c’est un peu un acte de foi, n’est-ce pas ?

John reprit ses esprits et décida de répondre de manière évasive à ces remarques. Bien que pertinentes elles le mettaient quelque part en danger. Il soupira avant de répondre.

Pour le reste de vos questions  je pense simplement qu'on cherche tous notre panda ou notre baiser libérateur à un moment de nos vies. La seule injustice de la vie c'est qu'il y a des gens qui le trouvent… et d’autres non.


Son regard se perdit un peu dans le vide, si bien qu'il ne remarqua pas tout de suite qu'elle venait de lui tendre la main. À l'intérieur de lui, John se sentit mal à l'aise. La sensation et en particulier le toucher étaient son point faible, il ne les tolérait qu'avec les personnes avec lesquelles il se sentait particulièrement bien. C’était d’ailleurs un bon moyen de savoir si John tenait à quelqu’un ! En tout cas serrer la main ou faire la bise aux gens, même s’il les connaissait, était toujours une épreuve pour lui. Mais il était profondément gentil avec les autres et détestait l'impolitesse. Il lui prit donc la main, mais pas d'une main forte et imposante comme son statut de professeur lui permettrait pourtant, mais plutôt d'une main douce et disons le presque molle. En même temps, c'était à son image intérieure, son cœur était comme du beurre…

Mais il ne s’attendait pas à ce qu'il allait ressentir en la touchant. Aussitôt sa main dans la sienne, il ressentit un violent frisson et une sensation de froid intense parcourut son corps tout entier. Il eut le souffle coupé et l'espace d'un instant il se retrouva ailleurs, comme s'il était transporté au cœur d'une violente tempête émotionnelle. Une myriade d'émotions si différentes les unes des autres le traversèrent, de la peur, de la colère, de la souffrance, mais aussi de la chaleur humaine, de l'extase  et de l'amour aussi. Il sentit à ce moment comme une puissante connexion. Le cœur de John se mit à battre frénétiquement dans sa poitrine quand finalement cet instant, qui avait semblé pour John une éternité, prit fin comme s’il n'avait duré qu'une fraction de seconde dans la réalité.


*Euh… il vient de se passer quoi là ?*

*Aucune idée mais ça sent pas bon John. Il y a un truc pas net chez cette fille je le savais !*

*Mais on commençait tout juste à s'ouvrir un peu !*

*Et à quoi ça nous servira ? Tout le monde s'en fiche de nous ! Par contre le plus important maintenant c'est de nous protéger d'elle !*


Une multitude de pensées lui traversèrent l'esprit. Qu’est-ce qu'il venait de se passer ? En tant que sorcier il était particulièrement sensible à la magie et ce qu’il avait ressenti n'était pas commun. Était-ce sa manière à lui de détecter la magie chez quelqu’un ? Était-elle une créature magique elle aussi ? Est-ce qu'elle aussi avait ressenti cette… chose ? Est-ce qu'il devait se méfier d'elle ?

C'était une coïncidence troublante qu’après ses exploits d'hier soir on vienne le questionner sur ce qu'il pense des dragons. Non, bien qu'il aurait réellement souhaité que cette rencontre soit désintéressée, il y avait sans doute autre chose derrière. Il fallait qu'il soit prudent dans ses propos.

Il lâcha finalement la main d'Adrielle avant de lui répondre sur un ton calme et souriant.


Enchanté de vous rencontrer. Vous n’êtes pas une de mes étudiantes, je vous aurai forcément reconnue. Et sans vouloir me dévaloriser je n’ai pas un grand succès pour attirer facilement de nouvelles têtes dans mes cours. Alors, qu’êtes-vous venue chercher ici Mademoiselle Rock ?
John Maxwell
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Adrielle Rock
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Mar 5 Jan - 22:39
* Ah oui !? Tant de questions ?! N’exagère-t-il pas un peu. * Toutefois j’accueille avec un sourire sa remarque. Autant éviter de le brusquer pour le voir se dérober ou comprendre que je ne fais pas partie de ses étudiants.

- Si peu… -, Répondais-je sur le même ton amusé. Ne me dites pas que les esprits curieux ne vous motivent pas.

Malgré moi, mon inconscient cherche à travers son regard une trace, un mouvement… un je ne sais quoi, qui trahirait la présence du dragon derrière ces façades si bleues. Tellement bleues que j’en oublie le costume limé et les traits fatigués. Son aveu inattendu ne fait qu’attiser ma curiosité. Je m’attendais d’un enseignant qu’il reste rationnel ou évasif. Au lieu de cela Monsieur Maxwell ne se cache pas de croire à l’existence des dragons bien au-delà même de mes espérances.

- Vraiment ? Et pourquoi aimeriez-vous qu’ils existent ? Vous donnez l’impression de vouloir être proche d’eux…ou … peut-être l’un d’eux … pensez-vous qu’un « fier baiser » pourrait avoir l’effet inverse s’il était sincère et faire apparaitre un dragon qui sommeillerait. -, J’avais dit que j’aurais d’autres questions. Je ne me sépare pas de mon sourire en le regardant. N’est-ce pas une théorie intéressante ?

Il n’avait toujours pas pris la main que je lui tendais. A une autre époque, ce n’est pas me serrer la main qu’il aurait eu la permission de faire mais à un baise-main. Que voulez-vous les temps changent mais comment peut-il savoir qu’en face de lui se trouve une tête couronnée. Sait-il seulement qui je suis dans ce monde moderne ? Son monde, son époque… Je n’en ai pas l’impression mais j’aime autant qu’il en soit ainsi, au moins il n’aura pas de préjugés entre l’égérie et femme d’affaires de Roca Cosmetics.  

- Alors gardez la foi, Monsieur Maxwell, je suis persuadée que croire c’est voir … puis… -, je joue d’un silence. ... j’adore les « pandas » et je pense que vous souhaitez trouver le vôtre.

Il mit un certain temps avant de me serrer la main mais à l’instant où il le fit… je ressens l’assaut puissant et brutal d’une projection intense de flux pour ne pas parler d’une attaque émotionnelle. Pourtant il s’agissait bien de cela, d’un partage d’une avalanche de sentiments s’opposant les uns aux autres. Peur. Témérité. Amour. Tristesse. Vide… si vide que mon cœur se sert dans ma poitrine comme s’il venait à manquer. L’espace d’une seconde ma chevalière étincelle brièvement et je sais que même si mes pouvoirs n’ont pas rayonné de toute leur aura, cela fait si longtemps qu’une telle sensation ne s’était pas manifestée. Je suis partageais entre délice et méfiance. Le doux frisson d’une caresse magique sur tout mon être provoque un plaisir presque charnel, qui se heurte aussitôt à la sensation du manque laissé par la perte d’un être cher. Je n’arrive pas à retirer ma main de la sienne. Peut-être que je n’en ai pas envie non plus.

Chacun de nous finit par retirer sa main. Je ne comprends pas ce qui s’est passée, en reste quelque peu égarée le temps de réfléchir pour comprendre… analyser.

* Suis-je seule à l’avoir ressenti ? *

J’ose à peine relever les yeux sur lui, ne sachant pas ce qu’il aura vu ou éprouvé. Les yeux, mêlés de surprise et de questions, le fixent alors qu’il … feint la normalité. Je reprends pieds, avale ma salive pour effacer la sensation que ma gorge est sèche.

- En effet, je ne suis pas l’une de vos étudiantes… Je n’allais pas lui dire que je connaissais son nom que depuis moins d’une journée. Ni que ma visite était liée à l’apparition d’Amaru. Détrompez-vous, vous avez tout à fait de quoi attirer les regards sur vous et à vos cours, Monsieur Maxwell. Cependant, je ne viens rien chercher mais j’aimerai vous faire une proposition, qui devrait toucher le cœur du professeur, et si j’osais je dirais, toucher l’âme du dragon qui sommeille en vous.

Je n’ai pas de stylo et de papier sur moi mais cette craie fera mon affaire. Sur un coin de tableau je lui note mon numéro de téléphone.

- Appelez-moi, Monsieur Maxwell. Un homme féru de mythes et de légendes, comme vous devez l’être, sera sûrement intéressé de jeter un regard passionné sur d’anciens manuscrits que vous ne pourrez jamais consulter dans une bibliothèque.  Peut-être que je vous conterai à mon tour une belle histoire…

J’abandonne la craie sur un coin de son bureau avant de le laisser prendre la mesure de ce qui venait de se produire. Par jeu sans doute - parce que serait désapprouvé par le conseil des fées – je ne résiste pas à accompagner mon déplacement par un souffle d’air frais qui viendra s’enrouler autour de lui pour disparaitre une fois que je serais dans le couloir.
Adrielle Rock
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John Maxwell
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Jeu 7 Jan - 18:44
John ne répondit rien aux questions et remarques d'Adrielle tant il était abasourdi par leur véracité. Elle avait touché directement là où il fallait.

Pour sous entendre de manière répétée et avec autant de certitude qu'il y avait peut-être un dragon en lui c'est qu'elle s'était probablement renseignée. John en était maintenant certain, elle n'était pas ce qu'elle semblait être. Il y avait quelque chose d’étrange qui se dégageait de cette jeune femme, quelque chose de… mystique. D'inexplicable… De magique.

Lorsqu'elle aborda l’hypothèse du fier baiser qui le libérerait peut-être, toujours sous forme d’habile supposition, il fut troublé au plus profond de son être. Personne ne l'avait jamais encore sondé de la sorte avec autant de précision, c'était stupéfiant. Qu’est-ce qu'elle insinuait par là au juste ? Que la solution à son problème de lézard géant se résumait par un baiser d'amour sincère ? Était-ce seulement possible ? Il sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Quel dommage qu'il ne le mérite pas… Elle semblait insinuer qu'il réussirait à trouver son panda un jour mais qu'en savait-elle vraiment ? En tout cas c’était la première fois depuis bien longtemps que quelqu'un lui parlait avec autant de gentillesse et cela lui réchauffa le cœur en même temps que cela le déstabilisa.


*Ne pas craquer.*

Mais ce qui l'aura le plus marqué et de loin, c’est ce contact magique qu'il ressentit en lui serrant la main. Un violent tourbillon d'émotions dont certaines qu'il n'avait pas vécues depuis si longtemps qu'il faillit perdre pied. Il le sentait, il allait craquer. Bientôt. Mais il fallait qu'il tienne encore un peu. Il ne fallait surtout pas qu’il craque devant elle sinon comment réagirait-elle ? Comment pourrait-il conserver le peu de crédit qu'il lui reste ? Il se fit violence pour enfouir ses sentiments au plus profond de lui et ne pas perdre pied. Fort heureusement il n'eut pas à le faire longtemps.

En effet, Adrielle, sentant qu'elle ne pouvait plus se cacher derrière des faux semblants, annonça la vraie raison de sa venue. Une proposition. Et pas des moindres… la possibilité pour John de consulter ses archives personnelles et donc une multitude de documents anciens, de manuscrits, de grimoires et de parchemins faisant état des légendes d'autrefois. Cela attira fortement la curiosité du professeur.

De quels documents s’agissait-il ? Si ils étaient si importants pourquoi étaient-ils en sa possession et pas dans un musée ? Comment une jeune femme qui avait l'air d'avoir l’âge de ses étudiantes pouvait disposer d'une telle collection ? Pourquoi souhaitait-elle lui montrer ce trésor alors qu'elle ne le connaissait ni d'Adam ni d’Ève ? Que souhaitait-elle en échange ? Était-ce un piège ? Quel rapport y avait-il entre cette femme et cette chose qui sommeille en lui ?

Beaucoup de questions qui allaient malgré tout devoir rester sans réponses, du moins pour le moment. Car avant même qu'il ait eu le temps de songer à les poser, Adrielle avait déjà commencé à lui tourner le dos, lui laissant pour seule issue un numéro de téléphone écrit à la craie. C'était malin, car non seulement le sujet ne devait sans doute pas être abordé dans un lieu public et d'autre part ça la mettait en position de force pour la suite des événements. Car c'était maintenant à John de venir vers elle sur son terrain et ça, c'était quelque chose qui l’inquiétait. Il n'avait pas du tout l'habitude d'aller à la rencontre des gens or là il n'avait plus le choix. Il devait se mettre en danger. Oserait-il l'appeler ?


*Ne pas craquer.*

Le petit cœur de John se serra dans sa poitrine lorsqu'il ressentit comme un souffle tout autour de lui. Un vent d'énergie magique qui vint l'entourer et lui caresser le visage. Il ferma les yeux comme pour ressentir cela au mieux avant de pousser un soupir. Quelle merveilleuse sensation. De la douceur, de la tendresse, de la chaleur humaine… dans un flot de magie.

La main de John se mit à trembler frénétiquement et il eut le souffle coupé. La dernière fois qu'il avait ressenti des choses aussi intenses c'était avec Éva. Il avait presque oublié ce que ça faisait, d’être bien…

Il resta dans cet état quelques minutes encore, bien après qu'Adrielle soit partie. Il émergea lentement de cette transe et rentra dans son téléphone le numéro qu'elle lui avait laissé avant de l'effacer du tableau et de prendre la direction du métro pour rentrer chez lui. Il avait vraiment besoin de méditer sur tout ça à tête reposée mais avant cela il avait une priorité.

*Ne pas craquer.*

Malheureusement pour lui, le sort avait décidé de s'acharner aujourd’hui. Car à peine le métro avait commencé à s'éloigner que John ressentit  comme une boule au ventre qui au fil des minutes devenait de plus en plus douloureuse. Il essaya de la contenir mais rien n'y faisait. Étrangement il ressentait comme une sensation de vide, d’absence… de manque ! Comme un grand trou dans son cœur. Il ne comprit pas tout de suite d'où cela provenait. Puis il se mit à avoir des sueurs froides, des frissons, des tremblements. Finalement la sensation finit par envahir tous ses sens, il entendait à présent des bruits de pas. Comme quelqu'un qui s’éloigne… C’est là qu’il fit le rapprochement ! C’était la même énergie magique qu'il avait ressentie en serrant la main d'Adrielle ! Le même manque qu'il avait vécu en la touchant pour la première fois ! Est-ce qu'elle le ressentait aussi ?

John ne put même pas se poser la question, comme au fur et à mesure des kilomètres la douleur s’intensifiait pour devenir insupportable. Il serra les poings pendant tout le trajet. Était-ce la distance maintenant qui le rendait malade ? Satané journée ! Il n'était pas douillet mais il avait envie de hurler. S'il n'y avait pas foule dans le métro cela ferait bien longtemps qu'il l'aurait fait.

Enfin son arrêt ! Il sortit à toute vitesse, traversa la rue et dévala avec empressement les marches qui le séparaient de son appartement, grimaçant à chaque pas. Cela ne pouvait pas être pire quand soudain il se mit à réentendre des voix !


*Mauviette. Tu as vu dans quel état te met une petite blonde ? C'est pathétique !*

*Arrête ça démon, tu ne peux rien comprendre à ces choses là ! Viens te mesurer à quelqu'un de ta trempe plutôt !*

*Pfff abandonne Amaru. Trouve toi un adversaire que tu es capable de battre. Un enfant par exemple, ou un singe…*

*Qui est-ce que tu traites de singe lâche !? Viens m'affronter plutôt que de te cacher derrière tes remarques ! *

*Hmmm… moi ? T’affronter ? J'aurais plus de mal à gagner si je me battais en solitaire !*


John n'en pouvait plus. Il claqua la porte de son appartement et termina à genoux sur le palier. À la douleur atroce se succédaient maintenant des nausées et des spasmes.

*Oui John, c'est bien ! Reste à terre comme un chien brisé, tu ne vaux pas mieux !*

Cette fois ce fut la goutte de trop ! Il se releva avec fureur et s'adressant aux voix dans sa tête il lança un puissant : ÇA SUFFIT !!!!

De ses mains jaillit une vague d'énergie magique de couleur bleutée, semblable à celle d'Amaru, qui vint s'écraser en tourbillonnant avec fracas contre sa table de chevet, laquelle vola en éclats !

Immédiatement les voix se turent. Comme si elles avaient compris le message. John eut à peine le temps d'esquisser un sourire de satisfaction que sa vision devint floue. Il était épuisé. Les épreuves de la nuit dernière, le manque de sommeil, la rencontre avec Adrielle, et maintenant ce sortilège… tout cela l'avait vidé de ses forces. Il tomba à la renverse et termina sa course allongé sur le sol, inconscient.

John resta ainsi une trentaine de minutes mais qui ne lui parurent que quelques secondes. Il rouvrit les yeux lentement, encore très fatigué. D'un geste de la main il utilisa un sortilège pour éteindre les lumières et baisser les stores de son appartement, puis se dirigea d'un pas tremblant vers son lit. Bien qu’on ne soit qu'en début d’après-midi il s'endormit presque instantanément.

Il resta 2 jours dans cet état quasi comateux, plongé dans un monde sans rêves. Lorsqu'il se réveilla le 3ème jour en début de matinée, bien que ce ne soit pas évident à distinguer dans la pénombre, il se rendit compte avec bonheur que la douleur avait disparue. La sensation de manque également. Il se sentait à peu près normal, du moins autant qu'on puisse l’être. Les voix aussi n'étaient plus là. En revanche il sentait encore une fatigue étrange ainsi qu'une sensation de froid désagréable. Il commençait à peine a se demander comment c’était possible qu'une voix qu’il ne connaissait que trop bien le fit se retourner.


Bonjour John.

Assise à côté de lui dans le lit, se trouvait une jeune femme aux longs cheveux bruns. Il écarquilla les yeux de surprise car c'était bel et bien Éva qui se tenait devant lui. Il bafouilla quelques mots, un peu choqué.

Comment ? Non ! C'est impossible !


Il ferma les yeux et répéta à voix haute comme pour se persuader lui-même.

Tu n'es pas réelle ! Tu n'es pas réelle ! Tu n'es pas réelle !

Bien sûr que non je ne suis pas réelle !


De surprise, John rouvrit les yeux et la regarda, éberlué.

Pardon ?

Je suis une hallucination.

Ah bravo ! Et comment j’arrive à faire ça moi maintenant !!??

Tu as une vilaine plaie à la tête.


Étonné, John passa la main sur son visage et constata qu'effectivement du sang semblait couler du dessus de son crâne. Ce n'est qu'à cet instant qu'il prit conscience que le lit était tâché de sang et que c’était également le cas sur le sol de son appartement. Un vrai jeu de piste en somme ! Il avait dû s’ouvrir en tombant, c'était la seule option qu'il voyait. En tout cas cela expliquait la sensation de froid et la fatigue.

Oh. C'est grave ?

Éva grimaça, répondant ainsi par l'affirmative. Mais ne t'en fais pas, ça partira très bien avec un des nombreux sortilèges de guérison dont tu as le secret.

John esquissa un sourire avant de répondre, visiblement apaisé. En tout cas, si ça me permets de te revoir, ce n'est pas une mauvaise chose.

Tu sais bien que je ne suis pas vraiment là. Je ne suis qu'une manifestation de ton esprit. De ton cerveau malade qui m'a amenée ici pour que je te vienne en aide.

Mais je n’ai pas besoin d'aide !

Franchement ? Regarde toi. Tu es épuisé, au bord de l’hémorragie cérébrale, tu entends des voix et tu discutes avec toi même. Tu penses vraiment aller bien ?


Un peu vexé, il dût bien se résigner à écouter la vérité.

Touché… répondit-il simplement.

Un sourire presque satisfait, Éva se rapprocha pour se blottir contre lui. Il sentit à ce moment comme s'il se réchauffait. Étonnant car pourtant elle n’était pas réelle donc elle ne dégageait pas de chaleur. Enfin bref, il n’était plus à une incohérence près.


John… qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi tu réagis de manière aussi disproportionnée ? Qu’est-ce qu'il s'est passé aujourd’hui pour que tu craques à ce point ?

Tu es mon inconscient non ? Tu devrais le savoir mieux que moi ?

Je veux que tu l’exprimes à voix haute et que tu cesses de ruminer.


Il soupira, prit le temps de la réflexion, puis finalement se confia.

Je crois… je crois qu'en fait j’étais bien aujourd’hui. Pour la première fois depuis… depuis…

Depuis moi ?


Il acquiesça d'un signe de tête avant de reprendre.

Je me sens coupable Éva. Terriblement. Pour cette nuit là. Je n'ai rien pu faire. J'ai survécu et pas vous. À l'heure qu'il est je devrais être avec vous. Si seulement j'arrivais à réparer les choses et retrouver ces assassins mais je piétine… Et soudain quelqu’un débarque et je me sens bien !? De quel droit me sentirais-je bien alors que vous n’êtes plus là ? Alors que votre mort n'est pas vengée ? C'est terriblement égoïste !

John, ça n’est pas quelque chose de mauvais en soi. Ça veut juste dire que tu lâches un peu prise et c’est tant mieux. Ça fait bien longtemps que tu ne t'écoutes plus, que tu ne penses plus a toi. Aujourd’hui il faut que ça change. Autrement tu ne tiendras pas et mes meurtriers s'en sortiront sans peine.

Alors que dois-je faire ?

On t'as donné un numéro de téléphone à appeler non ?


Il tenta de protester.

Pourquoi ? En quoi pourrait-elle changer les choses ? Et si c'était un piège ? Je suis persuadé qu'elle sait pour le dragon.

Réfléchis. Dans le meilleur des cas tu auras accès à des documents que tu ne pourras jamais consulter autrement. Peut-être l'un d'entre eux contient un indice qui pourra t'éclairer sur notre disparition ? Tu pourrais même en apprendre plus sur cette chose qui est en toi. Et dans le pire des cas, même si c'était un piège, tu ne serais pas mieux avancé que maintenant. En somme tu n'as pas grand-chose à perdre à tenter le coup.


Elle lui sourit avant de reprendre.

Ne me dis pas que tu n'y as pas pensé, je te rappelle que je suis toi. Tu sais déjà tout ça. Non, il y a autre chose qui te perturbe.

John déglutit. Décidément c'était la pire hallucination qu'on puisse avoir.

Cette femme… elle a su me toucher. Je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas si c'est elle directement ou plutôt cette sorte de… tourbillon magique émotionnel. Mais quoiqu’il en soit elle m'a frappé au cœur. Et ça m'effraie. C'est comme si…

Elle avait fendu ton armure ?

Oui… j'ai l’impression d’être démuni en face d'elle. De ne plus avoir de protection.


Éva sourit, visiblement heureuse. Puis elle se blottit davantage contre lui et l’enlaça.

C’est une très bonne chose. Je rêve du jour où tu feras sauter cette carapace et où tu commenceras à être vraiment toi-même. Peut-être que finalement tu as plus à découvrir dans cette histoire qu'une pile de vieux grimoires ?


John sourit, soulagé.

Et puis si jamais c'était un traquenard, je n'aurais qu'à me cogner la tête pour que tu viennes à ma rescousse.

N'y compte pas triple andouille !


Il resta un moment ainsi, à ne plus penser.

Tu penses que là haut… ils m'ont pardonné ? De ne pas avoir pu les sauver ?

Ce choix leur appartient. C'est à toi de faire le tien, John. T’élever au dessus du passé pour mieux l’apprivoiser. Ou sombrer dans les ténèbres, avec ce qu'il te reste de dignité.


Ça avait le mérite d’être clair. Il fallait qu'il se fasse violence. Sa vie toute entière en dépendait. Il n'y arriverait pas facilement mais s'il voulait avancer, découvrir ce qu'il s'était passé cette nuit là, et pourquoi pas… oser vivre tout simplement, il devait se reprendre en mains.

Il resta un moment à méditer. Sans un bruit. Ce fut finalement Éva qui le sortit de sa torpeur.

Allez John, il est temps.

Il se releva et la regarda dans les yeux. Puis d'un geste de main il fit jaillir de ses doigts une petite lumière blanchâtre qui illumina la pièce et sa cicatrice sur le front. En une fraction de seconde elle se referma. Le froid et la fatigue s'en allèrent avec elle. John était triste car il savait que maintenant ce serait le tour d’Éva. Elle commençait déjà à disparaître lentement.

Merci. Je n'oublierai pas cette leçon.

Elle lui adressa un dernier sourire puis s’évapora entièrement. Il ne resta plus d'elle qu’une voix dans son esprit.

Deviens celui que tu devais être.

John se retrouva à nouveau seul. Il alluma les lumières puis se rendit compte que l’on était en plein après-midi… trois jours après sa rencontre avec Adrielle ! Elle devait sans doute s'impatienter. D'un côté tant mieux, il ne devait pas donner l'impression d’être à ses pieds.

Il eut également l'occasion de constater toute la pagaille qu'il avait semée. Un meuble en miettes, du sang partout… un vrai capharnaüm ! John claqua des doigts et dans une lumière blanche le meuble se reconstitua et le sang se volatilisa. C'était un pouvoir qu’il appréciait beaucoup, un jour il avait vu un ange gardien le faire à la TV et ça l’avait toujours inspiré !

Il se leva, prit une douche et changea de tenue pour quelque chose de moins… officiel, et de plus décontracté. Jean, chemise, propre, sobre, mais élégant. Il prit ensuite le temps de faire une recherche sur le net. : Adrielle Rock. On ne savait jamais…

Bingo ! John eut la surprise de découvrir que cette charmante inconnue n’était nulle autre que la présidente de Rocca Cosmetics, une entreprise leader dans le domaine de la beauté et du maquillage pour les femmes. Il fut particulièrement étonné. Le maquillage ? John trouvait ça plus que superflu. Et pourtant cette personne n'avait rien… oh non rien, de superficiel ! Peut-être était-ce une couverture ? Dans tous les cas il était particulièrement admiratif des capacités de la jeune femme. Diriger une entreprise de cette ampleur et avec autant de vision demandait sans doute des capacités hors du commun.

Il sortit son téléphone de sa poche et lentement il composa le numéro. Il butait à chaque touche, comme s'il n'était pas certain de ce qu'il devait faire. Il n'avait maintenant plus qu'à lancer l'appel. Il resta un moment figé, à se demander s'il ne faisait pas une bêtise, s'il ne ferait pas mieux de tout arrêter. Il détestait aller vers l'inconnu. Puis il se souvint des paroles d'Éva et décida de se faire violence.


*Relativise John, bon sang, ce n'est qu'un simple coup de téléphone !*

II appuya et lança l'appel. Quelques secondes plus tard, une voix se fit entendre de l’autre côté. Cela lui rappela les échanges qu'il eut avec Adrielle quelques jours plus tôt. À un détail près cependant… il n'avait (presque) plus peur d'elle.

Mademoiselle Rock ? John Maxwell... J'accepte votre proposition.

Attendant sa réponse il se demanda néanmoins au fond de lui… ce qu’elle pourrait bien lui demander en échange…
John Maxwell
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