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Adrielle Rock
Adrielle Rock
Messages : 17
Date d'inscription : 01/11/2020
Mar 12 Jan - 22:58
Précédemment

- Par tous les diables où étais-tu Adrielle ? J’ai failli lancer un avis de recherche. Pire encore d’envoyer après toi les limiers.

- Sérieusement Tissaïa , existera-t-il seulement un jour où tu ne t’inquiéteras pas pour moi ? Je suis assez grande pour faire face tu sais. Puis tu savais très bien que je devais le rencontrer.

- Non tu as dû croire m’avoir prévenu mais tu as oublié. Puis pour ce qui est de savoir faire face, ce n’est pas l’avis du conseil des fées.

- Vraiment ? Et quel est ton avis à toi ?

-.. mhm moi… et bien depuis qu’il n’est plus à tes côtés… tu es …

- Mais parle d’une traite bon sang.

- Tu es plus vulnérable depuis que tu n’as plus sa protection.

- Il me reste bien assez de magie, Tissaïa. Dois-je te rappeler qu’elle n’est pas liée à Amaru… pas directement en tout cas.

- N’en était-elle pas la source ?

- Où es-tu allée chercher cela ?

- Dans ma tête…

- Tu devrais t’aérer l’esprit dans ce cas.

- Alors dis-moi pourquoi l’autre nuit, ta chevalière a scintillé comme un spot ? AH…ça te laisse muette.

- … je ne sais pas mais ça serait une première dans toute la dynastie des fées qu’un dragon soit aussi lié de sa fée après tant de siècles passés.

- As-tu déjà songé que ça pouvait être un lien plus profond que celui de protecteur ? Amaru était bien différent des autres dragons si on en croit les sages, non ?

- Je ne saurais te dire Tissaïa, tout comme je ne peux pas nier que nos âmes étaient liées.

- Tu vois que j’ai vu juste. Tu ne m’as pas dit comment s’est passée cette rencontre avec ce John Maxwell…

-  En même temps tu ne m’en as pas laissé le temps… c’est amusant, tu sais quel était le thème de son cours ? Les dragons à travers les mythes et les légende.

- Nooon ?! Est-il bel homme ?

- Tu es désespérante, je te parle de dragon et toi tu me demandes s’il est bel homme…

- Comme si tu n’avais pas un avis à son sujet. Toi qui diriges une société où la beauté est reine… Allez diiis-moi.

- Donc je disais que son cours traitait des mythes et légendes sur les dragons. J’en ai découverte certaines, son cours était vraiment captivant tout comme l’homme.

- Hiii je le savais.

- Quoi ?! Tu sais quoi ?

- Que tu l’as trouvé plus qu’intéressant… y a comme un rayonnement autour de toi quand tu as parlé de ce Maxwell. Mais dans tout ça, est-ce que tu as vu, senti quelque chose en rapport avec Amaru ?

- Je ne sais pas si je dois te raconter la suite, tu vas t’imaginer je ne sais quoi encore.

- Parole de fée, je ne dirais rien.

- Et bien c’était assez étrange… quand nous nous sommes serré la main, c’était comme… un choc mais pas forcément négatif. J’ai été traversée par une avalanche d’émotions très diverses. L’anneau a scintillé très brièvement.

- Ça ne peut qu’être Amaru alors… sous une forme d’homme.

- Je pense que c’est bien plus que cela Tissaïa mais je finirai bien par le découvrir. Monsieur Maxwell est tellement différent de l’image d’Amaru.

- Ha ça c’est certain si c’est un homme à présent.

- Que tu es bête, je te jure… différent dans le sens qu’il manque d’assurance, de cette force et puissance qui exaltait d’Amaru… mais en tout homme réside le cœur d’un dragon

- Tu viens d’avoir une révélation ?

- Non je citais ce que John Maxwell avait mentionné dans son cours.

- Tu vas le revoir ?

- Evidemment, tu ne crois quand même pas que je ne vais pas chercher à en apprendre plus sur lui. Les médias ne disent pas tout et nos enquêteurs n’ont rien découvert de plus. Je lui ai laissé mon numéro de portable.

- Espérons qu’il sera curieux également. Tu crois qu’il a ressenti la même chose quand vous vous êtes serré la main ?

- Difficile à dire, je n’ai pas su lire dans son regard.

- Ils sont de quelles couleurs ses yeux.

- Bleus

- HAAA tu vois tu l’as détaillé.

- Je n’allais pas regarder ses pieds…

- J’aurais tellement adoré faire la petite souris pour tout regarder.

- Méfies-toi ton souhait pourrait être exaucé.

- Tsss tu n’as pas ce type de pouvoir.

- Moi peut-être pas mais j’ai connaissance… Bon si tu me laissais un peu profiter de ma fin de soirée Tissaïa.

- Oui, oui je raccroche… tu me diras s’il appelle.

- Au revoir Tissaïa.

- Bonne soirée ma Reine.

J’abandonne mon téléphone, le bras tendu au-dessus de la table, sans voir où je le déposais exactement. Tissaïa c’est comme ma petite sœur, je la considère comme telle en tout cas et je crois qu’elle le sait et en abuse grandement pour mon plus grand bonheur.

Il est tard… pfff, j’ai la motivation d’un escargot ce soir. Je n’aurais pas dû plancher encore sur la prochaine campagne pub tout de suite après ce flux intense d’émotions, ça m’a vidé. Un bon bain devrait me ressourcer. C’est une ambiance tamisée juste éclairée de plusieurs bougies que je me suis glissée dans une eau mousseuse, mon portable à porter de main. Sait-on jamais peut-être qu’il pourrait appeler même si tardivement.

Aucun appel. Je m’endors dans mon bain, emportée par le souvenir de cette rencontre et ce regard si bleu et magnifique de John Maxwell.

C’est l’eau plus froide qui me sort de mes pensées. Trop lasse même pour un plat micro-ondes, je me couche sans dîner.

Trois jours, il m’a fait attendre trois jours avant de se décider à m’appeler. Inutile de vous précisez que je n’étais pas particulièrement de bonne humeur. Aucun homme ne m’a jamais fait attendre comme lui. Incroyable. Puis cette phrase succincte… non mais je ne sais pas moi, un « comment allez-vous ? » c’est un minimum quand même.

Je crois que j’étais plus énervée parce qu’il m’a fait attendre que par cet appel vite expédié.

- C’est parfait. Ce soir 20h00 chez moi pour dîner. Je vous envoie l’adresse par sms. Bonne journée et à ce soir Monsieur Maxwell. -, avais-je répondu.

Une fois raccrochée, j’ai mis Tissaïa dans la confidence en la missionnant de faire livrer chez moi plusieurs affaires qui allaient m’être nécessaire.

Les dernières heures m’ont semblé les plus longues de cette journée. Tissaïa était censée avoir tout mis en place et j’espère qu’elle ne m’aura pas réservé de surprises dont elle a le secret.

Il était 19h00 quand je retrouve mon domicile. Mentalement je croise les doigts quand je pousse doucement la porte d’entrée. Je ne sais pas pourquoi je m’attends à voir surgir une Tissaïa toute existée par ce rendez-vous professionnel. Ah oui, je suis obligée de préciser sinon elle s’emballait sur un pseudo rendez-vous galant… Elle me les fera toutes.

L’appartement est désert. Ouf. Je sais qu’elle n’aura pas laissé ce que je lui ai demandé en évidence mais au coffre. J’avance, pose manteau et sac dans un coin. La table est déjà dressée… à mon avis les chandeliers sont de trop ainsi que le centre de table tout en roses… *Tissaïaaaa. * elle y tient vraiment à ce rendez-vous galant. Un regard sur ma montre, il faut que je me dépêche et je n’ai même pas regardé ce qu’elle avait commandé à dîner.

Holala il va arriver et je ne suis pas encore changée. Je maudis l’interphone qui rage tandis que je claudique courbée jusqu’à lui tout en essayant d’enfiler un escarpin.

- Oui ?

- Mademoiselle Rock, Monsieur Maxwell pour vous.

- Vous pouvez le faire monter Agreus, je vous remercie.


J’ai vaincu l’escarpin, quand cette fois, ça frappe à ma porte. Robe bleu nuit, épaules dénudées, cheveux détachés et un sourire aux lèvres, je l’accueille en l’invitant à pénétrer dans mon espace privé.

- Bonsoir, Monsieur Maxwell… préférez-vous que je vous nomme professeur Maxwell ? -, Je le laisse entrer et se familiariser avec mon « intérieur » avant de lui tendre la main. Il me fallait être sûre cette fois s’il éprouvait les mêmes sensations. Vous pouvez m’appeler Adrielle. J’espère que vous avez faim…

Ma main reste tendue vers lui, je sais que j’aurai la force pour affronter cet assaut si cela devait se reproduire. Je ne peux m’empêcher de songer à Tissaïa quand je me perds dans son regard, un petit sourire sur les lèvres. Je reconnais qu’il a du charme et note qu’il est bien plus élégant comme cela que lorsque je l’ai rencontré à son cours.
Adrielle Rock
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John Maxwell
John Maxwell
Viggo Mortensen
Adresse : New York
Messages : 39
Date d'inscription : 05/05/2020
Age : 31
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Jeu 14 Jan - 14:43
Après cet appel téléphonique, John raccrocha lentement, le regard dans le vide. Perdu…

*Pour dîner ??*
pensa-t'il, surpris. *Je pensais qu'on aurait rendez-vous en pleine journée, pas pour dîner ! Qu’est-ce que ça veut dire ?*

*Qu'elle va te cuisiner ! J'avais dit que c'était un traquenard !*

John fit semblant de ne pas entendre et commença à s'agiter, visiblement paniqué. D'un naturel réservé et solitaire, il n'était pas du genre à aller en soirée ou à dîner chez des amis.

*D'ailleurs est-ce que j'ai des amis au juste ?*

Cette pensée traversa son esprit au milieu d’une multitude d'autres questions. Comment ça allait se passer ? Comment devait-il s'habiller ? Qu'allaient-ils dîner ? Arriverait-il à faire la conversation ? Est-ce qu'il n'allait pas être ridicule hors de sa zone de confort ? Au fond de son cœur il maudissait ces politesses mondaines qu'il trouvait trop superficielles. Les livres sont la nourriture de l'esprit. Pourquoi diable perdre du temps sur quelque chose d'aussi… terre à terre, qu'un dîner ?

Et pourtant germait en lui comme un sentiment d'excitation. Une envie irrépressible de partager un moment avec cette jeune femme. Quelque chose avait changé en lui. Il sentait son cœur battre dans sa poitrine et il avait le sourire aux lèvres, chose qui était suffisamment rare pour être soulignée ! John resta ainsi quelques secondes le regard dans le vide avant de se demander :
*Que m'arrive t’il au juste ? Pourquoi je réagis comme ça, je ne l’ai vue que quelques secondes à peine !?*

Il se leva de sa chaise et décréta à haute voix, comme pour se convaincre lui-même : C'est purement professionnel !

John concentra l'essentiel de son après-midi, déjà bien entamée, à se préparer pour cette rencontre. Apres une douche chaude bien méritée vint le moment dramatique du choix de sa tenue. Un enfer pour lui, tellement il avait du mal à comprendre les codes vestimentaires. À ce propos, comment devait-il considérer l'invitation ? Comme un rendez-vous professionnel ou comme une simple soirée ? Il soupira longuement devant sa penderie, se rendant bien compte que là où la plupart des gens auraient mis 5 minutes à choisir une tenue parfaitement appropriée, lui allait y passer une bonne heure et n’était pas à l'abri de la faute de goût. Il se demanda bientôt s'il était vraiment fait pour ce monde.

John opta finalement, dans le doute, pour une tenue habillée mais professionnelle. Il revêtit un bas de costume noir, et enfila une chemise blanche… avant de vivre à nouveau un grand moment de solitude. Veste ou pas veste ?


*Je ne vais jamais y arriver…* pensa-t’il. Il commença sans la veste. Il manquait quelque chose. Il enfila la veste. Il se trouvait ringard. Il quitta la veste. Non non non, ça ne faisait pas sérieux !! Il remit la veste. *Trop coincé John…* Il enleva la veste. Impossible, quel manque de respect ! Finalement il opta pour sa veste noire !

La cravate maintenant ! Cette fois-ci le choix fût vite fait. Non seulement c'était laid, lui donnait un air trop sérieux, mais en plus il se souvenait de la règle maudite qui voulait qu’une cravate propre attire irrésistiblement les aliments. Il la rangea en se promettant de ne plus jamais la sortir.

L’épreuve terminée, il avait une petite heure devant lui pour penser à autre chose. Il s'installa à son bureau, et baissa les stores pour ne pas être vu. Une étincelle d’énergie magique de couleur bleue jaillit de ses doigts et d'un geste de la main il l’étendit autour de lui et sur les murs à proximité. Lorsque la lumière se dissipa elle laissa apparaître une multitude d’éléments sur les parois. Des écrits, des photos, des dessins, des articles de presse… On se croirait dans une de ces séries policières, où le héros, dépassé par une enquête qu'il ne parvient pas à résoudre, étale sur un grand tableau les différents éléments dont il dispose, espérant en vain un déclic. Une illumination.

C'était cette révélation que John attendait. Pour une affaire qui cette fois le touchait de près. Il cherchait depuis des années maintenant à comprendre ce qui était arrivé à sa famille, qui était le coupable, et surtout pourquoi. Il avait exploré toutes les pistes possibles, épluché tous les indices… en vain.
Il resta de longues minutes devant ce mur. Pensif. Le regard vide. Il fixait sans sourciller l'élément central du décor, une photo de la maison carbonisée. Et à côté un simple mot de couleur rouge écrit à l'encre magique : « Dragon ». John n'arrivait pas à avancer. Il avait le sentiment que tout était lié . Qu'il était proche, tout proche, de résoudre ce mystère. Qu'il ne lui manquait plus qu’un élément… une clé de lecture. Et que lorsqu’il l’aura trouvée, tout deviendra clair.

Son intuition le menait vers ce dragon. Ce n’était pas un hasard s'il était apparu exactement à cet instant. Il était lié d'une manière ou d'une autre à tout ça. Il en était persuadé. Peut-être était-ce même lui qui en était à l'origine ? Après tout, des légendes qu’il connaissait, il y avait bien davantage de dragons maléfiques que l'inverse. Peut-être était-il responsable de l'incendie ? Pourquoi ? Était-il aussi responsable de quelque manière que ce soit, du meurtre de sa famille ? Sur cela il en avait des doutes car ils avaient été tués à l’arme blanche et sa sœur avait eu le cœur arraché et broyé. Il voyait mal comment un dragon aurait pu faire cela. Mais pouvait-il être le commanditaire d’un tel acte ? Pourquoi avait-il investi son corps cette nuit là dans ce cas et pourquoi se manifestait-il en cas d'émotions trop intenses ?

Là encore, John avait épluché toute la littérature dont il disposait. Il n'avait trouvé aucune information intéressante. Il faut dire que tant qu'il ne connaissait pas le nom de ce fameux dragon c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin tellement les écrits sur le sujet étaient vastes. Peut-être que les manuscrits d'Adrielle l’aideraient à y voir plus clair ? Il l’espérait de tout son cœur.

Il soupira, perdu dans ses pensées. Il n'arrivait pas à se concentrer. Il avait l’esprit ailleurs. Étrangement c'était vers Adrielle et ce fameux dîner qu'allaient ses pensées. Il revoyait son beau et doux visage et repassait leur conversation en boucle dans son esprit. D'un côté cela l'interrogeait davantage. Avait-elle senti le dragon en lui ? Quel lien avait-elle avec cette chose ? Était-elle de mèche avec lui ? N’était-il pas trop naïf de croire qu'il s'agissait seulement d'une conversation désintéressée ? Sans doute… D'un geste de main il entoura le mot Dragon et inscrit juste en dessous : « Adrielle Rock ». Étrangement elle ne lui paraissait pas hostile mais il pouvait faire erreur. Il l’espérait tellement d'ailleurs…

John fît disparaître l'illusion. Il était tard et ne devait pas être en retard au rendez-vous. Il appela un taxi qui le prit en bas de chez lui. Direction Manhattan. Midtown pour être exact. Un quartier de New-York nettement urbanisé et qu'il n’appréciait guère. Il préférait la quiétude du Queens et de la banlieue au vacarme incessant de la ville et de ses riverains. Surtout de ses riverains d'ailleurs !

Le chauffeur le déposa devant un charmant penthouse, qui malgré son design très moderne n'en était pas moins authentique et agréable. John s’acquitta d’un pourboire et se dirigea vers l’entrée, se faisant annoncer. Une personne lui ouvrit, apparemment un domestique, et se faufila dans le hall d’entrée. D’emblée il fut scotché par la beauté des lieux. L’intérieur de l’édifice était aussi plaisant à regarder que sa façade. La longue pièce qui servait de hall donnait un sentiment de grandeur et avec un peu d’imagination on aurait pu se croire dans la cour d'un palais, malgré un design épuré et classique certes, mais élégant. Quelques œuvres d'art habilement placées attiraient l’œil et contrastaient par leur aspect ancien et magnétique.

Mais il n’eût pas le temps de se concentrer sur la décoration. On le guida directement dans les quartiers personnels d'Adrielle et c'est là qu'elle l’accueillit.

Et quelle vision d'accueil ! Elle se tenait là, bien droite, devant lui, dans une robe bleue comme la nuit extrêmement élégante et qui mettait grandement la finesse de son corps en valeur. Les cheveux détachés et les épaules dénudées, elle était absolument splendide.

À tel point que pendant un instant John resta comme figé, bêtement, à la contempler. Il était subjugué par tant de beauté et mit un moment avant de retrouver ses esprits et d’être en capacité de balbutier quelques mots.


Bonsoir Adrielle. Je vous en prie, appelez-moi John !

Elle le fit entrer dans ses quartiers privés. Une fois la porte refermée il en profita pour lui parler.

Avant toute chose, je tenais à vous présenter toutes mes excuses pour ne pas vous avoir rappelé rapidement. J'ai été retardé, par une affaire… de famille.

Techniquement c'était vrai, de son point de vue du moins, car quelque part c'était bien avec Éva qu'il se sentait être tout ce temps. Il préféra s'en tenir à cette vérité plutôt que de lui raconter les déboires peu glorieux qu'il avait vécus !

Il ne pût s’empêcher de la regarder à nouveau. À dire vrai il avait réellement du mal à décrocher le regard de son hôte.


Vous… vous êtes… radieuse. réussit-il à articuler tant bien que mal en lui rendant son sourire. Il commençait à se dire que tout se passait finalement pour le mieux quand soudain elle lui tendit la main.

*Oh non.*
*Oh non.*
*Oh non.*


Pensèrent spontanément John et toute sa clique de personnalités multiples. Était-ce un jeu de la jeune femme ? Voulait-elle revivre leur première connexion ? Ou était-ce simplement un phénomène que John était le seul à ressentir ? Quoiqu’il en soit, il ne pût se refuser à lui serrer la main de nouveau.

Lorsque sa main entra en contact avec celle d’Adrielle il ressentit aussitôt un déferlement de magie qui s’écoula à travers eux. Une puissante explosion de sensations et de  sentiments. Des frissons parcoururent tout son corps jusqu’à lui donner des sueurs froides tandis qu'il cessait presque de respirer quelques instants, le souffle coupé par ce qu'ils étaient en train de vivre. Une vague d’émotions, semblable à celle qu'il avait ressentie la dernière fois, l'envahit à nouveau. D’abord une peur intense qui lui noua l’estomac. Puis une souffrance émotionnelle très forte, comme une déchirure semblable à la perte d'un être cher, qui le prit à la gorge, amplifiant encore plus la sensation de manquer d'air.

Puis c’est un autre ressenti, plus fort celui-ci, qui s’installa. Une chaleur avec un sentiment étrange. Une agréable sensation d’être enfin complet, comme si on vous avait enlevé une partie de vous-même il y a bien longtemps et que vous veniez à l’instant de la retrouver. C'était une douce plénitude. Et enfin, c'est un sentiment tout autre qui envahit John à cet instant là. De la tendresse. Une immense vague de compassion, de générosité,  et… d'amour aussi ! Un puissant sentiment d'attachement à l’autre qui le prit au plus profond de son être. Il pouvait sentir son cœur battre à cent à l'heure dans sa poitrine. À cet instant John plongea son regard dans celui, doux et attachant, d'Adrielle et il s'y perdit quelques instants. Pour une fois dans sa vie, il était bien. Réellement. En paix. Il aurait voulu que cet instant dure éternellement.

Ses yeux scintillèrent d'une légère lumière bleutée, comme une preuve sincère de l’état dans lequel il se trouvait. Lorsqu’il s’en rendit compte, il sortit progressivement de sa torpeur. Il espérait que cela avait été trop léger pour qu'Adrielle ne le remarque. Lentement il se reconnecta avec le monde réel et le retour fût désagréable. Il était tellement bien dans sa bulle de chaleur humaine et en dehors du temps que le fait de revenir dans un corps froid et triste faillit le faire chavirer.

Heureusement il serrait toujours la main de la jeune femme à ce moment là et son regard était toujours perdu dans le sien. Cela lui servait de point d'ancrage, comme un roc solide auquel il pouvait s’attacher pour amortir sa chute. Lorsque finalement il émergea complètement, il détourna le regard. Difficilement certes mais il réussit ! Il se prépara à lâcher la main d'Adrielle… quand il se rendit compte que depuis tout à l'heure il faisait bien plus que seulement la serrer ! En réalité c’était une caresse ! Douce, subtile, légère, presque tendre… mais tout de même ! John se mit à paniquer. Il était tellement parti ailleurs qu'il ne se souvenait même pas quand cela avait commencé. Depuis combien de temps est-ce qu'il lui caressait la main sans raison ? Il s'empressa de la lâcher.


Je… je suis vraiment désolé… je dois être ailleurs ce soir…

Il baissa les yeux et, comme pour passer à autre chose de moins embarrassant, regarda un peu partout dans la pièce. Comme pour trouver un élément, quelque chose qu'il pourrait commenter pour le tirer de cette mauvaise passe. Mais finalement il ne trouva rien d’intéressant.


*Bravo John, c'est là qu'on voit à quel point tu es adapté en société.*


Finalement Adrielle lui proposa, d'un geste de la main, de s'asseoir et de passer à table. Ils s’installèrent tous les deux l'un en face de l'autre quand il fût pris d'une troublante impression. Comme si tout à l’heure sans qu’il ne s'en rende compte son inconscient avait analysé son environnement autour de lui et qu'il avait décelé une anomalie. Quelque chose clochait.

Il essaya de se souvenir de quoi il s'agissait quand la réponse lui fût dévoilée. Elle n’était nulle part ailleurs que devant son nez. Adrielle portait une tenue de soirée chic, élégante et moderne. Aucune faute de goût. Un ensemble vraiment ravissant. Même ses escarpins, instruments du démon, ne l'avaient pas choqué. Mais comment faisait-elle pour tenir sans tomber ? pensa-t'il un instant. En revanche, il y avait un élément sur elle qui contrastait énormément avec le reste. Une bague. Une chevalière pour être exact.

Elle semblait particulièrement ancienne, en témoignent les dégâts du temps et les différentes marques qu'il y avait laissé. Instinctivement John pensa à un objet du Moyen-Âge étant donné la forme et l'aspect, mais il n’en reconnaissait pas les motifs… peut-être une culture qu'il connaissait peu ? Son œil fût attiré par une petite pierre de couleur bleue qui siégeait fièrement au centre du bijou. Elle dégageait quelque chose de puissant. De… magique. Un frisson parcourut John à cet instant. Il avait l'intime conviction que pour comprendre qui était vraiment Adrielle il devait en savoir plus sur cet objet antique.


Vous avez une très jolie chevalière. Vous êtes passionnée d’Histoire ?


Derrière cette question en apparence anodine s’en cachaient pourtant bien d'autres. Le cerveau de John était en ébullition, tentant en vain d'analyser toutes les possibilités et d'en retirer celle qui avait le plus de chances d’être la bonne. Si elle était une créature magique, il devait savoir à quoi il avait affaire. Et puis d’un autre côté… cela avait au moins le mérite de lancer la conversation.
John Maxwell
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Adrielle Rock
Adrielle Rock
Messages : 17
Date d'inscription : 01/11/2020
Sam 30 Jan - 20:39
Loin de moi l’idée d’être prétentieuse ou présomptueuse car je ne le suis pas mais je mentirais en disant que je ne sais pas reconnaître ces lueurs d’admiration dans les regards, qu’ils soient masculins ou féminins, comme je peux les voir à cet instant dans celui du professeur Maxwell. John… Mais à la différence de toutes ces autres lueurs admiratives, je sentais au plus profond de mon être que celles lancées par John, me touchaient étrangement bien plus que je l’imaginais. J’en fus même troublée mais heureuse à la fois. Pourtant cet homme dénotait tellement de mes habituels soupirants et malgré sa « je ne sais quoi » de réserve polie, je présentais dans cet homme une force que je suis incapable de nommer. Tissaïa serait là, elle s’amuserait certainement de ce trouble et proclamerait que décidément l’amour est aveugle. Cette pensée me fit rouler des yeux mentalement car à moins d’être sous l’emprise d’un sort, je ne croyais pas au coup de foudre. Et pourtant…comment expliquer tous ces petits frissons et battements de cœur qui me parcouraient quand je croisais son magnifique regard. A-t-il seulement conscience de ce qu’il provoque ? De ce que je n’ai jamais réellement ressenti pour personne…

Il s’excuse pour ne pas m’avoir contactée rapidement. Évidemment je ne vais lui raconter qu’il a plongé tout mon staff et mes proches dans le chaos de ma mauvaise humeur par son manque de réactivité. Non, cela je ne l’avouerai pas car un tel aveu reviendrait à dire que le coup de foudre existe.

- Rien de grave j’espère ? -, demandais-je plus par politesse que j’attendais une réponse car une telle ingérence pouvait être gênante.  L’important c’est que vous soyez là ce soir. Bravo Adrielle maintenant tu vas passer pour sans cœur et froide. Mais je souhaite sincèrement qu’elles sont résolues … dans tous les cas, je tiens à vous offrir un agréable moment ce soir avec ce dîner.

Ce qui m’étonnait dans son excuse, c’est que mes enquêteurs m’avaient rapporté qu’il n’avait plus de famille justement. Mais s’agissait-il de parents éloignés ? Il est vrai que le but de l’enquête était de retrouver en priorité le survivant de cette maison où avait eu lieu ce terrible incendie. Qui aurait cru que John Maxwell aurait été encore domicilié ici. Il avait donc été inutile d’élargir les recherches.

Son compliment me ravit, il gagna un nouveau sourire, peut-être plus lumineux, que le précédent car j’ai senti mes joues rosirent avant de lui tendre la main pour le saluer et vérifier si cette connexion n’avait été qu’un heureux hasard ou pas du tout. S’il s’y refusait, je pouvais enfin avoir la preuve qu’il avait lui aussi ressenti le même phénomène. Dans le cas contraire… et bien je serais d’une certaine façon …perdue car je n’avais aucune explication sur ce qui s’était passé entre nous. Peut-être était-ce un être magique que ma magie aurait détecté de cette étrange façon ? Mais dans ce cas, pourquoi ? Toutes ces questions sans réponses étaient une véritable torture.

Il me semble le voir hésiter ou probablement que je souhaitais le voir ainsi inconsciemment mais il finit par me prendre la main.

Ce qui se passa ensuite, je ne pouvais pas mieux le décrire qu’une onde de choc brutale, un bombardement d’une avalanche d’émotions qui m’envahit aussi intensément que la première fois où nous nous sommes serrés la main. J’avais l’impression d’être inondée et assaillie par toute sa lumière ou plutôt son âme que la mienne rejoignait dans une parfaite connexion. Notre harmonie était telle, qu’elle me réclama plus de concentration pour ne pas me laisser emporter dans une spirale grisante de sentiments retrouvés.

Mes pensées se tournèrent sur Amaru sans quitter John du regard. Plus mon esprit se remplissait des souvenirs de mon dragon, plus je me sentais attirée par John. Ma concentration cilla au détriment de mon cœur qui n’aspirait plus qu’à battre à l’unisson du sien. Un bref instant il m’a semblé apercevoir ses yeux se teinter d’une lueur bleue plus intense. Mon esprit appelait « Amaru » mais mon cœur criait « John » à me faire baisser les yeux. C’est un instant que mon regard se posa sur nos mains… enlacées. Oui, c’était tout à fait cela, nos doigts cherchaient davantage à se toucher… non, non à se caresser plutôt qu’à serrer dans une simple poignée de main. La pierre centrale de ma chevalière scintillait du même bleu que cette lueur au fond du regard de John, ce qu’elle n’avait pas fait depuis des siècles… depuis sa disparition.

John retira rapidement sa main de la mienne, ce qui créa immédiatement une sensation de vide. Mon esprit resta suspendu un instant pour ne pas dire éteint d’avoir été privé de cette fusion psychique.

Il s’excusa et j’avoue ne pas savoir lui répondre autre chose que :
- Ne le soyez pas, John… c’était… magique puis nous ne sommes plus à ces époques où il était inconvenant ne serait-ce que d’effleurer la main d’une noble dame. C’est peut-être dommage, je ne sais pas. Tissaïa me dirait qu’il faut vivre avec son temps et profiter de ce que cette époque peut nous apporter.

Les battements de mon cœur se sont apaisés, j’invite John à rejoindre la table avant de prendre place en face de lui. Cet homme m’intriguait un peu plus à chaque minute que je passais en sa compagnie mais entre intrigue et fascination il y a peu de marge, et encore bien moins, entre fascination et attirance.  A force de me perdre à maintes fois dans son regard, j’en oublie mes devoirs d’hôtesse. Il est vrai qu’il aurait été plus simple de faire appel aux services d’un personnel pour nous servir mais quelque me disait que John aurait été encore bien moins à son aise. Même si je reconnais que ses petites maladresses sont délicieuses et touchantes. L’intimiderais-je à ce point ?

- Je manque à tous mes devoirs. Je ne savais pas ce qui vous conviendrez le mieux alors nous dînerons au champagne. Je me relève pour aller chercher la bouteille que Tissaïa aura mise au réfrigérateur avec différentes boites sur lesquelles des post-it étaient collés avec le temps de réchauffage ou comment servir le contenu de certaines boites. Heu… John ? Je crois que ce dîner va requérir votre participation également… Je referme la porte du réfrigérateur, la bouteille la main et deux tabliers pour lui et moi que je lui montre avant de les reposer sur le plan de travail. Il y en a un pour vous mais trinquons avant.

Si je ne sais pas forcément cuisiner, je sais au moins ouvrir une bouteille de champagne sans casse. Le bruit du bouchon qui saute suivi de l’éruption mousseuse est toujours signe de plaisirs, non ? Nos flûtes se remplissent puis je lève la mienne pour trinquer avec John avant de regagner ma place.

- Ma chevalière semble vous avoir intrigué… Je songe à son scintillement, m'a-t-il trahi. C’est un bijou de famille transmis de génération en génération. J’en suis donc la dernière héritière. Cette table me semble trop longue, j’éprouve l’envie d’être près de lui. J’espère que vous ne m’en voudrez pas de vouloir casser les codes d’un dîner aux chandelles en venant prendre place à côté de vous.

Je ramène mes couverts, mon verre et prends place à sa gauche avant de lui tendre ma main droite pour qu’il puisse mieux observer ma chevalière. Bien entendu j’espérais secrètement déclencher en lui… je ne sais pas …une réaction.

- Sinon pour répondre à votre autre question. Je suis tentée de vous dire que je suis « l’histoire ». N’était-elle pas merveilleuse ? Que vous souffle votre âme d’enseignant ou simplement votre cœur, en voyant un tel objet, John ? Je lui offre l’occasion de pouvoir la toucher mais osera-t-il seulement ? Moi je savoure ce rapprochement et le regarde de plus près. Je ne suis pas historienne John mais comme je vous l’ai dit, je suis en possession d’objets et de livres anciens… aussi anciens que cette chevalière puisse l’être. Je reste interdite quelques secondes, hésitant à lui révéler ce que je suis mais je pense qu’il est encore trop tôt. Que connaissez-vous du peuple Inca ? Il existe une légende à leur sujet racontant qu’au lieu de vénérer des Dieux en fait il s’agissait de fées. Je bois une petite gorgée de champagne sans vraiment le fixer, pour une fois.
Adrielle Rock
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John Maxwell
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Ven 12 Fév - 19:34
John resta quelques instants hagard, encore un peu sonné par la beauté de son hôte, qui contrairement à lui semblait tout dans son élément. De son côté John n'était pas très à l'aise. Non seulement ils ne se connaissaient que depuis peu mais en plus cette soirée sentait à plein nez le rendez-vous galant organisé. Qui plus est, et ce n’était un secret pour personne, il avait du mal avec les gens en général. Il était presque toujours en décalage et devait se faire violence pour se fondre dans la masse et passer inaperçu.

Il ne sut trop quoi dire lorsqu'Adrielle lui demanda si la situation avec sa famille était résolue. Cette question, bien qu'elle soit bien sûr posée en toute bienveillance, le mit dans l'embarras pour la simple et bonne raison qu'il ne savait quoi y répondre. S'il répondait oui il mentait et John n’était pas un menteur… mais s'il répondait non il attirerait sans doute l'attention sur lui et ses problèmes et il ne voulait surtout pas avoir à parler de ce genre de choses, d'autant plus avec quelqu’un qu'il connaissait peu. Après réflexion John se rendit compte qu'il n'avait en fait personne pour discuter de tout cela. Il se contenta de répondre simplement en souriant.


Je vous en prie, vous êtes trop aimable, ne vous en faites pas pour moi.

C’était tout ce qu'il avait trouvé pour esquiver la question. Du moins pour le moment. Mais à peine ce problème était-il réglé qu'un autre moment délicat faisait son apparition avec ce fameux serrage de main. Quel ne fut pas son malaise, après cette tornade d’émotions et de sentiments enfouis, de constater que leurs mains étaient en fait en train de s'enlacer. Et d'un côté il ne pouvait s'expliquer pourquoi mais cela le rendait particulièrement heureux, comme si pour la première fois depuis longtemps on lui mettait un baume au cœur. Lorsque la raison le poussa à retirer sa main de celle de la jeune femme il ressentit aussitôt une sensation de manque qui lui donna la nausée. Comme si quelque part il se sentait incomplet.

*C’est incompréhensible, pourquoi diable est-ce que je ressens quelque chose de si fort alors que je ne la connais que depuis quelques jours ? Est-ce que je m'attache trop vite aux gens ? Oui sans doute…*

Le mot qu'employa Adrielle le frappa profondément. Magique. Oui, ce mot n'était sans doute pas employé par hasard. Est-ce qu'il devait en conclure qu'elle avait ressenti cette… force, elle aussi ? Ce profond état d'attachement ?

Oui vous avez raison. Magique… c'est le mot. Et la magie c'est faire voir ce que la raison ne peut pas croire…

Il ne savait pas exactement pourquoi il disait ces mots car en cet instant de transe quasi-méditative, ils lui étaient venus naturellement. Mais il était persuadé qu'ils étaient pleins de vérité.

Ils passèrent à table et c’est avec beaucoup de surprise que John vit Adrielle revenir avec une bouteille de champagne à la main. En effet c’était à des lieux de ce qu’il s'imaginait d'un rendez-vous professionnel. Est-ce qu'elle accueillait tous ses invités avec autant d’artifices ? Peut-être était-elle simplement une bonne vivante ? Ou bien était-ce seulement pour lui ? C'est la tête pleine de questions qu'il trinqua avec elle, faisant bien attention de ne rien renverser. Il en était capable !


Je dois vraiment vous remercier pour cet accueil. Vous vous êtes vraiment donnée du mal, je n'en attendais pas tant.

Il prit le temps, l'espace de quelques secondes en buvant sa coupe, de regarder Adrielle. La contempler serait sans doute le terme le plus approprié. Elle était vraiment magnifique, avec les traits de son visage qui s'épousaient parfaitement et sa chevelure dorée. Sa présence illuminait la pièce et sa prestance naturelle donnait l'impression à John d’être un invité à la cour d'une reine de jadis. Son apparente douceur et sa gentillesse apaisaient les cœurs et il se sentait étrangement bien à ses côtés, ce qu'il n'avait encore jamais ressenti chez aucun inconnu. Mais ce qui le marqua le plus c'était ses yeux et une fois encore il se perdit dans ce regard, plus profond que l'océan, plus haut que les cimes des plus hautes montagnes. Il se sentit flotter l'espace d'un instant, comme s'il était hypnotisé par ce qu'il y voyait. Était-ce possible qu’après tant d’années de doutes et de douleurs… il ressente de l'attirance pour cette jeune femme ?

Il fut tiré de sa torpeur lorsqu’elle se leva pour partir en cuisine et quelle ne fut pas sa surprise, non… sa terreur lorsqu'il apprit qu'il allait devoir cuisiner ! À ce moment là, John faillit en lâcher sa coupe d'inquiétude. Lui cuisiner !? C'était sans aucun doute l'une des pires idées possible et il était certainement le plus mauvais cuisinier sur terre ! Il se rappela, tremblant, d’un épisode récent et peu glorieux…

Il était dans son appartement un soir il y a quelques semaines de cela. John, qui s’était soudainement lassé de commander au traiteur ou de se préparer des repas déjà prêts avait décidé de se préparer lui-même à dîner. Rien de très difficile pourtant, il jugea qu’un simple steak et quelques pâtes seraient un bon début pour se lancer. Quelle erreur… car il ne suffisait pas de lire des instructions sur une boîte pour savoir cuisiner. Il y avait une part de savoir faire et d'instinct pratique qu'il était à mille lieux de maitriser. Il était tellement concentré sur son monde intérieur qu’il n’accordait que peu d'attention au monde extérieur et à ce qui se trouvait devant lui. C'était particulièrement problématique et cela lui jouait des tours très régulièrement. Il n'était tout simplement pas doué. Membre vétéran du club des derniers choisis dans les équipes de sport, il était aussi inutile qu'un nain de jardin sur un terrain de foot et excellait dans la détection des coins de meuble à l'aide de ses orteils. Autant dire que faire la cuisine était une épreuve presque insurmontable pour lui.


*Bon voilà, ça devrait cuire pas trop mal…*

*Euh John t'es sûr… c'est pas en train de cramer sur le dessous là ?*

Après s’être plusieurs fois brûlé les doigts en voulant retourner la viande avec une spatule il constata avec tristesse que le dessous était effectivement beaucoup trop cuit. Le steak en était devenu presque dur. Mais à peine avait-il reposé la spatule qu'il s’aperçut avoir oublié… l'eau des pâtes ! Ni une ni deux John se précipita vers l’évier pour tenter de refroidir cette… pâte visqueuse qui était en train de fondre sur les rebords de la casserole. Il se jeta tellement fort contre le meuble vasque qu'il s'en coupa presque la respiration en s’enfonçant la poignée de porte dans l’estomac, et peina à remplir d'eau son ustensile de fortune. De toute façon trop tard, car les pâtes avaient complètement fondues et par endroit étaient carbonisées, s'accrochant à la paroi comme de la mauvaise herbe qu'il serait difficile d’enlever. Mais à peine eût il le temps de pleurer sa bêtise qu'il se rendit compte que la seconde face du steak était en train de cramer. Là encore il voulut se précipiter pour le retourner mais la chaleur et les crépitements trop intenses de la viande le brûlèrent à plusieurs reprises. Lorsqu'il réussit enfin à la retourner, il put contempler une face complètement brûlée. De désespoir il versa quand même le contenu de ses exploits dans une assiette et la regarda en souriant. Il admirait son chef d’œuvre. Steak mi-dur mi-carbonisé sur son lit de pâte de… pâtes. Un spectacle lamentable.

*Bravo John, 30 ans et tu ne sais toujours pas cuire des pâtes. Avec encore quelques efforts tu pourrais presque envisager de t'inscrire à Top Chef.. ou à Vidéo Gag.*

Cet épisode qui restait gravé dans sa mémoire comme le premier jour où il tenta de faire le ménage et qu'il inonda son appartement d'eau sale, resurgit brutalement lorsqu'Adrielle lui montra le tablier qui lui était réservé. Immédiatement John ressentit comme un violent malaise et une boule au ventre oppressante. Il n’assumait pas du tout son côté « boulet social ». Certes il avait d'autres qualités mais il était complètement inadapté à la vie en société en partie à cause de cela et autant dans le cadre privé il pouvait le tolérer mais l'idée qu'Adrielle l'apprenne et peut-être le juge mal et soit déçue lui était insupportable. Le stress le prit et il fit de son mieux pour le cacher, faisant comme si de rien n'était et comme si cela ne lui posait pas de problème. Il était très fort à ce petit jeu du caméléon… beaucoup moins en revanche lorsqu'il fallait réellement utiliser des compétences qu'il n'avait pas, ce qui suscitait souvent l’incompréhension des autres.

Elle revint s’asseoir mais cette fois-ci à côté de lui et non pas à l’autre bout de la table et John ne sut trop quoi ressentir en ce moment là. D'un côté il était gêné car la sensation et la proximité avec les autres étaient ses points faibles mais de l’autre il ne pouvait s’empêcher de ressentir un certain bonheur d’être proche d'Adrielle. C'était un délicieux paradoxe, qui fût amplifié lorsque la jeune femme employa le terme « dîner aux chandelles », ce qui provoqua immédiatement une explosion de questions et de ressentis dans la tête de John.


*Un dîner aux chandelles !? Mais je croyais que c’était purement professionnel, qu’est-ce que ça veut dire !?*

*Attends John, calme toi, c'est plutôt une bonne chose !*

*Arrête ton char Lothar, qui voudrait s’intéresser à quelqu'un comme toi ? Non c'est une ruse pour que tu baisses ta garde et que tu fasses une erreur et tu tombes complètement dans le panneau. Personne ne pourra jamais t'aimer.*

À ces mots John se troubla et quelque part son cœur se brisa. Malheureusement il devait bien reconnaître que c’était vrai. Il était trop… décalé, incompris, et moins bien que tout le monde, pour que quelqu'un puisse vraiment l'aimer sincèrement…

Il essaya de ne plus y penser ce qui fût facilité par le discours énigmatique d'Adrielle sur son antique chevalière. Ainsi ils se transmettaient cet objet de génération en génération ? Les doutes de John s'envolèrent, il était bien devant un vieux bijou qui était certainement vieux de plusieurs siècles. Il devait avoir une symbolique très forte pour qu'il soit parvenu jusqu'à eux après toutes les épreuves du temps…


J'avoue que je suis très intrigué… je sens bien que cet objet a quelque chose de très fort, de presque symbolique… pourquoi est-il si important pour votre famille ?

Mais ce qui troubla le plus John c’était la phrase énigmatique de la jeune femme. Elle « est » l’histoire ? Qu’est ce que cela voulait dire exactement ? Qu'elle était un vestige du passé ? D'un monde disparu depuis longtemps ? Ou tout simplement qu'elle avait de nombreuses connaissances de périodes historiques lointaines ?

Pourquoi ? Pourquoi possédez-vous tous ces ouvrages si vous n’êtes pas historienne ou collectionneuse ? Pourquoi vous, plutôt qu'une autre ? Et pourquoi accepter de m'en faire bénéficier alors que nous ne nous connaissons que depuis peu ? Dans tous les cas je serai ravi bien sûr de découvrir ces ouvrages…

Il sourcilla lorsqu’Adrielle lui raconta sa vision de la mythologie Inca et surtout ses hypothèses comme quoi ils ne vénéraient pas des Dieux mais… des fées. Ce qui laissa John perplexe. Des fées ? En quoi cette hypothèse était-elle plus plausible que celle des Dieux ? Il devait bien admettre qu'il ne connaissait presque rien aux fées à part le fait qu'elles soient dotées d'ailes et incarnent des éléments divers et variés, du feu à l'eau en passant par la terre et l'air. Où voulait-elle en venir avec cette théorie ? Était-ce relié à ces fameux manuscrits ? Et qu’est-ce que les Incas pouvaient bien avoir avec elle ou avec lui ? Un peu perdu il lui répondit.

J'avoue que je ne sais pas trop… je n'ai jamais entendu pareille théorie. Et encore moins lue dans aucun livre d’histoire. Je suppose que ce n'est pas impossible. Apres tout, tout est possible mais… j'imagine que si vous avancez cette thèse… c’est que vous devez avoir des preuves ? Qu’est-ce qui vous fait penser cela et… quel est le rapport avec tout ceci ?

Mais plus encore qu'envers la fascinante théorie d'Adrielle, c'est bien vers sa bague que toutes ses pensées étaient dirigées, comme un aimant irrésistible qui l’attirait. Elle passa sa main droite près de lui, lui donnant l'occasion de l'admirer de plus près et de tendre la main pour la toucher. John frissonna à cet instant. Il regarda la jeune femme et se perdit à nouveau dans son magnifique regard. Une fois encore il entra dans une sorte de transe hypnotique, en dehors du temps, ne pouvant détacher son regard des yeux d’Adrielle, comme si leurs âmes étaient reliées, connectées, par cet échange. Il sentit aussitôt comme une chaleur intense, douce, agréable, l'envahir. Et sans qu'il ne puisse expliquer pourquoi, il tendit la main vers elle. Lentement, doucement… mais sûrement. Sa main droite se rapprochait lentement de la chevalière mais en même temps il ne parvenait pas à décrocher le regard du sien. Les battements de son cœur s'accéléraient au fur et à mesure que ses doigts se rapprochaient du bijou ancestral et il sentait son sang qui bouillonnait à l'intérieur de lui, ce qui lui procura comme la sensation d'une forte fièvre. Que se passait-il dans sa tête ? Était-ce normal ? Est-ce qu'elle le ressentait elle aussi ? Soudain John fût parcouru par d'autres images, d'autres sensations. Il avait la folle envie de la toucher, de la prendre dans ses bras… ce qui lui fit terriblement peur. N’était-ce pas ironique ? Lui qui détestait que les gens le touchent, il était soudainement attiré par une envie irrépressible de contact physique ? Ces sensations se décuplèrent et John n’était maintenant plus qu'à quelques millimètres de la chevalière qu'il fût emporté par une avalanche de sentiments dont un qui flottait, puissant, au-dessus de tous les autres. C'était l’amour, une sensation d’amour pur et sincère qui inondait maintenant son regard et celui d'Adrielle. Puis quelques secondes après et bien que cela ne lui soit paru une éternité il toucha la chevalière…

… Et un flash de lumière bleue se produisit qui les tira tous les deux de leur sommeil contemplatif.
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Dim 11 Avr - 19:02
Chaque chose en son temps, je semais tel ce petit poucet mes petits cailloux pour guider John jusqu’à moi et ma véritable nature. Malgré les preuves qui s’étalaient tel un tapis que je déroulais sous nos pieds, je choisissais d’avancer doucement chacun de mes pions. Après tout, la révélation du monde surnaturel aux humains n’est pas si ancienne et je ne connaissais que son attrait pour les dragons et les légendes qui les accompagnaient. Si le peuple des fées avait choisi de rester cacher pour mieux vivre parmi les hommes comme il l’a toujours fait, ce n’est pas par timidité mais par méfiance. Toutes les fibres de ma personne me poussaient indéniablement vers John en me disant que c’était un être singulier, d’ailleurs j’en avais eu les preuves de son incroyable exception. John et moi étions liés cela ne faisait aucun doute mais je devais le ménager.

Quelques bouts de ficelles bien placés dans notre conversation ne manquent pas d’amener son lot de questions. Les premières concernent ma chevalière. Comment pouvait-il en être autrement quand cette dernière se manifeste après un sommeil de plusieurs siècles au moindre contact de John ?  

- Symbolique, vous ne pouviez pas tomber plus juste. -, je regarde ma chevalière cherchant à trouver les mots adaptés. Vous voyez le détail des ciselures avec l’incrustation de pierre. Il s’agit de ce qu’on pourrait ramener à des armoiries. Ceux de ma lignée… -, je préfère taire mon rang dans cette lignée. Cela viendra bien assez vite quand je lui raconterai l’histoire d’Amaru.

Le fait d’avancer qu’il s’agit d’armoirie devrait déjà l’amener à faire ses propres conclusions. Peut-être s’amusera-t-il à faire des recherches parmi les nobles familles du monde des hommes. Il risque cependant de ne rien trouver concernant les Roca, qui au fil des siècles, devinrent Rock.

- Il parait que j’ai du sang noble qui coule dans mes veines. -, Glissais-je un sourire en coin avant d’enchainer sur ma colossale collection d’ouvrages dont je lui ai vanté la rareté. Ils sont les rescapés de plusieurs siècles depuis que l’écriture existe, pourquoi auriez-vous voulu que je ne les conserve pas ? Cela reviendrait à faire disparaitre l’existence de mon histoire et des miens. Je vous ai promis de vous montrer certains de ces ouvrages. L’un d’eux devrait particulièrement vous plaire car il raconte les exploits d’Amaru. C’est ainsi que les incas le nomment. La plupart du temps il est représenté tel un grand serpent à plumes mais il était bien plus que cela et tellement magnifique… -, Je jette un regard complice à John. Ce que les livres d’histoire oublient de mentionner, c’est qu’Amaru était également fait de lumière. -, Je me redresse légèrement fière d’avoir capturé toute son attention telle Shéhérazade. Vous devriez boire un peu de Champagne John.

Je dois le ménager de peut de créer un mini cataclysme dans sa tête avec ces autres questions qui attendent que mes explications. Pour l’encourager à boire quelques gorgées, je lève ma flûte d’une main sans lui retirer l’autre de dessous ses yeux.

- Nous devrions peut-être dîner avant que je calme votre curiosité enthousiasmée, non ? -, Je lis dans son regard le désespoir et la frustration. Quelque chose me dit que vous n’aurez peut-être pas la patience d’attendre si je ne vous fais pas grâce de quelques réponses. Permettez que je finisse. -, Je vide ma flûte du peu de Champagne restant. Sachez John que je ne m’aventurerais pas sur ce chemin si je n’en avais pas la preuve. Celle-ci est d’ailleurs liée à l’histoire d’Amaru. Vous n’êtes pas sans savoir que le monde surnaturel ne s’est révélé aux hommes que depuis… -, je réfléchis. Trois ans si je ne me trompe pas. Au-delà de cette date toutes créatures ne vivaient que dans l’imaginaire de rêveurs ou peut-être d’illuminés esprits. N’était-ce pas le meilleur des camouflages ? Il était sans doute plus aisé d’abuser de la crédulité des hommes au début des jeunes années de l’humanité qu’il en serait sans doute maintenant mais ceci est un autre débat. Revenons au peuple Inca qui pensait vénérer des Dieux. Il a été plus facile d’assimiler la magie des fées à une pseudo religion. Ne me demandez pas pourquoi c’est ainsi. En récompense de cet « amour » que les fées recevaient des hommes, elles leur apportaient protection et bienveillance. Cependant elles n’avaient pas imaginé que la confiance, qu’elles avaient placée dans les prêtres chargés de les représenter, allait à l’encontre de leurs principes. Je dois reconnaitre que vivre trop en retrait n’a pas sans doute pas aider en plus de complots au sein même du peuple des fées. -, je marque une courte pause. J’espère que vous n’imaginez pas que des fées ont souhaité des sacrifices humains en paiement de leurs faveurs… c’est ce que les prêtres ont fait, abusant de la confiance des fées. Dites-moi John que pensez-vous de la révélation ? Croyez-vous aux fées… que savez-vous de ce peuple ?

J’espère qu’il m’épargnera le cliché de la fée clochette. John n’est pas étranger à la magie, j’en suis certaine et avec un peu de chance, nous allons en avoir une nouvelle preuve si ma chevalière réagit à son contact.

Mes dernières questions restent en attente. C’est comme si nous étions tous les deux hypnotisaient par ce qui allait ou devrait se produire quand les doigts de John effleureraient le métal.

Le temps était comme arrêté. Si nous avions été dehors, nous aurions pu voir le vol d’un oiseau suspendu dans l’air car figé serait inexacte puisque ses mouvements ne seraient que d’une lenteur extrême. Nous n’étions pas dehors mais tout mon être vivait au ralenti, happé, captivé par John avec un désir furieux de ne faire qu’un avec lui. Je ne saurais dire si mon aura magique se déploie mais une part de mon âme féérique vient se mêler à la sienne. C’est déroutant et je sais que même si nos corps de ne bougent pas à part sa main qui s’avance vers ma chevalière, je sens mes lèvres venir à sa rencontre avec l’envie irrépressible de le gouter enfin. Ce n’est pas un élan fugace qui ne fait que répondre à une simple attirance, non c’est bien plus profond une part de moi ne peut pas taire les affolements amoureux de mon cœur car il s’agit bien de cela… d’amour.

Les doigts de John se posent sur l’objet convoité. Mes lèvres effleurent à peine les siennes dans ce monde parallèle qui nous aimante l’un à l’autre.

La lumière bleue liée à Amaru jaillit immédiatement en nous extirpant de cette torpeur. Je secoue la tête pour finir de me réveiller. Cette fois il n’y a plus de doute à avoir. Plus lucide, je me lève agitée par mes réflexions. Je passe une main sur mon visage, me déplace comme si j’étais désorientée, c’est peut-être le cas car il me faut du temps pour assimiler. Je me déplace jusqu’au coffre-fort, je devrais dire la chambre forte qui se trouve dissimulée derrière toute une bibliothèque. C’est ici que sont conservés une petite partie de l’histoire des fées. C’est également ici que Tissaï aura rangé ce que je lui ai demandé. Je reviens avec ce précieux livre qui contient des représentations d’Amaru chevauché par sa reine. Il n’est pas aisé de savoir qu’il s’agit de ma personne mais les armoiries sont représentées dans un coin du dessin.

Je reviens vers John, laissant la chambre forte ouverte. L’ouvrage ancien entre les mains, je le dépose sur la table sous les yeux de John.

- Voici Amaru… John. Et je ne sais pour quelle raison mais vous êtes lié à lui…
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Dim 18 Avr - 17:44
John resta un instant dans un état second, presque contemplatif, lorsqu'Adrielle lui présenta sa chevalière séculaire. Il était particulièrement féru d'objets anciens mais n'avait encore jamais vu quelque chose d'aussi finement travaillé, d'aussi finement sculpté... C'était presque irréel car malgré les siècles qui les séparaient de la conception de ce bijou les gravures étaient encore nettement visibles, comme si le temps les avaient épargné. C'était d'une précision remarquable.

*Et pas à la portée d'un humain.*pensa-t'il un instant. Etait-ce une créature magique qui avait créé cet objet ? Cela semblait plausible en tout cas car comment expliquer qu'au-delà de la beauté de ses ciselures, cette chevalière dégage une aura particulière ? En effet, il pouvait presque la sentir. Cette aura magique, cette force qui se dégageait du bijou, comme un aimant qui attirait irrésistiblement sa main.

Un instant il cligna des yeux lorsqu'Adrielle lui expliqua qu'il s'agissait des armoiries de sa lignée et du sang noble qui coulait dans ses veines. John regarda la bague de plus près et constata effectivement qu'un petit blason était représenté. Il se redressa lentement sur le dossier de sa chaise, contemplant la jeune femme. Ainsi donc il se trouvait devant une personne importante. Quelque part cela ne le surprenait guère, car elle semblait particulièrement jeune pour disposer d'autant de richesses, d'un penthouse luxueux et d'une entreprise multinationale... Sans doute disposait-elle d'un héritage de par sa noble lignée ? Cela pourrait expliquer en partie son ascension fulgurante bien qu'il dût reconnaître que le succès d'Adrielle était aussi largement explicable de par sa remarquable intelligence et ses traits d'esprit.

Il resta particulièrement attentif lorsque la jeune entrepreneuse prononça pour la première fois le nom mystique d'Amaru. Apparemment une sorte d'immense serpent doté de plumes qui se serait trouvé en Amérique du Sud au pays Inca. John fût silencieux mais de nombreuses questions fusaient dans son esprit. Pouvait-il s'agir du Quetzalcóatl, le serpent à plumes que l'on retrouvait dans la plupart des mythologies mésoaméricaines ? Pour autant il ne fit pas immédiatement le lien avec le dragon qu'il avait croisé ce fameux soir et ce fût un autre élément dit par Adrielle qui attira plutôt son attention. Il ne pût s'empêcher de lui poser davantage de questions car la curiosité avait su attiser son esprit.


Vous venez de dire que vous ne vouliez pas que l'histoire des "vôtres" tombe dans l'oubli. J'avoue que cela m'intrigue, surtout si ces ouvrages sont aussi anciens que vous le prétendez. Votre famille existe depuis tout ce temps ? Si ces livres font effectivement référence aux Incas et à leurs croyances et qu'ils sont en votre possession... j'imagine que cela veut dire que vous êtes une descendante des Incas ?

Il s'arrêta brusquement, se rendant compte que toutes ses questions pouvaient sembler bien indiscrètes et il ne voulait pas froisser son hôte.

Je suis désolé, pardonnez mon indiscrétion...

Imitant Adrielle en buvant quelques gorgées de sa coupe de champagne il se souvint brutalement de pourquoi il en buvait si peu. A peine eût-il commencé à boire qu'il se sentait déjà un peu ailleurs. Il avait si peu l'habitude de ces évènements festifs et avait tellement peu bu de sa vie qu'il y était assez sensible. Heureusement pour lui, l'alcool n'était pas du tout un sujet qui animait ses passions. Il reposa subtilement sa coupe sur la table, d'un geste discret.

Il écouta avec beaucoup d'attention la jeune femme raconter l'histoire du peuple Inca et surtout la relation complexe qu'il avait tissé avec les Fées. Ou du moins certaines fées pensa t'il, car toutes les fées n'étaient pas présentes qu'en Amérique du Sud, et elles faisaient bien partie des mythes et légendes de la quasi-totalité des continents, laissant une empreinte forte et indélébile dans le cœur et la spiritualité des humains. Il frissonna un instant en écoutant Adrielle narrer les nombreux différents qui avaient opposé les deux races et l'assimilation des fées à des sortes de divinités pour les Incas. Quelque part cela ne le surprenait guère et il ne douta pas une seconde que, contrairement à Adrielle, la même chose puisse se reproduire à notre époque, car les Hommes vouaient depuis toujours une admiration secrète à l'imaginaire, au mystique, au puissant et à ce qu'ils ne comprennent pas. Il suffirait que ces créatures soient bienveillantes et accomplissent des miracles pour voir naître des sectes accueillant ces créatures surnaturelles comme des divinités un peu partout sur la planète.

Mais là n'était pas la question. Une fois son récit terminé, Adrielle lui demanda ce qu'il en pensait, ce qu'il avait ressenti lors de la révélation et ce qu'il connaissait des fées. L'espace d'un instant il ne dit rien et resta silencieux, intrigué par la sollicitation de la jeune femme au sujet des fées. Pourquoi donc l'emmenait t'elle sur ce sujet ? Il lui sourit avant de lui répondre.


Pour ce qui est de la révélation... et bien... je pense que quelque part je l'ai toujours su. Je pense que je savais au fond de moi que ces créatures existaient, que le monde surnaturel était quelque part, proche de nous mais inaccessible. Mais j'aurai sans doute aimé me tromper, quand je vois les catastrophes qui ont suivi...

John faisait ici référence aux violences, aux émeutes, aux guerres et aux discriminations qui ont suivi la révélation au monde des surnaturels. Même s'il ne fallait sans doute pas s'attendre à autre chose, venant d'une race aussi particulière que les humains, méprisant ce qu'ils ne connaissaient pas. Mais il parlait également de sa situation personnelle car c'est bien le soir de la grande révélation que sa vie a basculé, lorsque sa maison a été détruite, sa famille assassinée, sa vie brisée... et ce dragon... non il préférait ne pas y penser. John dût faire un effort conséquent pour maintenir toutes ces émotions au fond de lui en cet instant mais il réussit finalement à dissimuler cette douleur sous son air mélancolique.

Je connais assez peu de choses sur les fées à vrai dire. Tout ce que j'ai appris sur elles provient essentiellement du folklore occidental. Je sais qu'il s'agit d'êtres légendaires, généralement de forme humaine et féminine, d'une grande beauté, capables de conférer des dons, de voler dans les airs, de lancer des sorts et d'influencer le futur. L'idée que l'Homme se fait des fées varie selon les cultures et les pays : revenantes, anges déchus, élémentaires ou même humaines, minuscules ou immenses, toutes sont étroitement liées aux forces de la nature et au concept de monde parallèle.

Dans la littérature médiévale française, les fées sont des femmes parfaites qui ne présentent aucun attribut physique différent des humains : celles du XIIe siècle apparaissent grandes, blondes, et d'une beauté sans égale. Elles sont distinguées davantage par leurs habitudes et occupations que par leur physique. Les ailes et la baguette magique sont des ajouts des auteurs de l'époque classique.

La rencontre fortuite avec une fée ne se révélerait pas toujours bénéfique. L'un de leurs passe-temps favoris est de jouer des tours inoffensifs, par exemple en emmêlant les cheveux des dormeurs, les nœuds de fée, en volant de petits objets ou en conduisant un voyageur à s'égarer. Des comportements beaucoup plus dangereux leur sont attribués : l'enlèvement par des fées provoquerait une forme de mort subite, et le cadavre de la victime demeurerait dans les bois avec l'apparence de la personne enlevée. Les fées sont également réputées forcer de jeunes hommes et femmes à danser toute la nuit, jusqu'à ce qu'ils dépérissent par manque de repos.


Il fit un effort de mémorisation, comme pour se souvenir de ce que les légendes du folklore européen racontaient d’autres sur ses formidables créatures, puis reprit la parole.

Une caractéristique commune à toutes les fées est l'utilisation de la magie afin de déguiser leur apparence et celle de ce qui les entoure. L'or des fées est universellement connu pour être peu fiable, apparaissant comme de l'or quand il est donné en paiement, puis se révélant comme des feuilles, des ajoncs, des fleurs, des épices, des gâteaux ou une grande variété d'objets inutiles.

Bon nombre de recommandations visent à éviter soigneusement les lieux que les fées sont réputées fréquenter, et une grande partie du folklore consacré aux fées évoque les moyens de se prémunir de leur malice ou de les conjurer. Les objets en fer forment le charme de protection le plus répandu, le fer agit comme un poison sur les fées et elles fuient ce métal.

Bien que l'existence des fées n'ait jamais été admise scientifiquement, la croyance en ces êtres est évoquée bien des fois au cours de l'Histoire, par les croyances populaires, des alchimistes, des médiums ou des théosophes affirmant en voir et communiquer avec eux, de grandes familles médiévales les ont même revendiquées pour ancêtres.

Maîtresse de la magie, elle symbolise les pouvoirs paranormaux de l'esprit ou les capacités prestigieuses de l'imagination. Elle opère les plus extraordinaires transformations et en un instant, comble ou déçoit les désirs les plus ambitieux. Peut-être représente-t-elle les pouvoirs de l'homme de construire en imagination les projets qu'il n'a pas pu réaliser ?


Méditant sur cette question, il se tût un instant puis, esquissant un léger sourire, il reprit.

Il existe un très beau poème du lai de Lanval qui dit : « Belles à nulle autre pareille, et qui plus est enchanteresses, et qui plus est éternelles ! À qui d'autre peut mieux rêver le rêveur de rêves qui n'a que le rêve pour aimer et être aimé au-dessus de ses moyens ? Qui d'autre pour lui entrouvrir l'or des aventures, des serments d'immortalité, accomplir ses espérances d'enfance lorsqu'il se voulait chevalier, chasseur de dragon, amant pour toujours d'une fée belle à nulle autre pareille ? »

A ces mots il s'arrêta en soupirant. Il s'était replongé à nouveau dans son monde intérieur, rempli d'images mentales et de ses visions qui s'enrichissaient à présent d'un nouveau concept, celui de "fée". Lorsqu'il ré émargea de ses explorations mentales il croisa le regard d'Adrielle et ce fût comme s'il se sentait partir, hypnotisé par la jeune femme et l'extraordinaire attraction qu'elle exerçait sur lui. Il sentit son cœur battre la chamade au fur et à mesure qu'il se rapprochait d'elle, happé par une multitude de sentiments et d'émotions très fortes qu'il ne parvenait pas à comprendre, car il ne connaissait Adrielle que depuis peu.

C’est là qu'il prit conscience que le poème reflétait parfaitement la situation qu'il était en train de vivre. Il se sentait comme son enfant intérieur, tel le chevalier noble et courageux et Adrielle sa fée, merveilleuse et aidante. Il n'avait aucun mal à l'imaginer comme une fée d’ailleurs. Sa belle et longue chevelure dorée, son visage fin et doux, son regard attendrissant et plein de compassion… tout chez la jeune femme rappelait l'archétype même de ce qu'était une fée. Il se plut encore une fois à se perdre dans son doux regard, écoutant les sentiments puissants qui lui chuchotaient à l'oreille de l'embrasser dans un fol élan amoureux.

Puis vint le flash. Une lumière bleue aveuglante qui éblouit la pièce lorsque John toucha la chevalière et qui les tira de leur torpeur. Il n'eut pas le temps de réagir d'une quelconque façon. Adrielle se leva, comme désemparée et s'éloigna un instant, se dirigeant vers une sorte de coffre fort habilement dissimulé qu'elle ouvrit pour en retirer un ouvrage, d'apparence ancienne et usé par le temps, qu'elle revint poser devant John, lui expliquant alors qu'il s'agissait d'Amaru et que d'une manière qu'elle ne pouvait expliquer, il était lié à lui.

Encore profondément marqué par ce qu'il venait de se produire, il consulta l'ouvrage et son regard s'arrêta sur une représentation d'Amaru qui n'était nul autre... qu'un dragon ! Un gigantesque dragon de couleur blanche, doté d'ailes puissantes et de griffes acérées. Le manuscrit laissait présumer que la créature possédait des yeux d'un bleu étincelant et une pierre magique de la même couleur sur le sommet de son énorme crâne.

C'est à cet instant que John comprit. Cet Amaru dont parlait Adrielle avec tant d'ardeur... cette créature mythique et légendaire des légendes Incas et féériques... ce monstre gigantesque et à la puissance dévastatrice... n'était nul autre que le dragon qu'il avait croisé il y a trois ans, qu'il croyait avoir détruit sa famille et sa vie, et qui maintenant se retrouvait piégé, par un pouvoir qu'il ne pouvait pas expliquer, au fond de lui, prêt à surgir dès qu’il perdrait le contrôle.

À cette vision John se mit à trembler. Son rythme cardiaque commença à s'emballer et sa respiration devint haletante lorsqu'il constata avec effroi que les armoiries présentes sur la chevalière d'Adrielle se retrouvaient sur l'enluminure du manuscrit, à côté de la représentation d'une femme chevauchant Amaru. Est-ce qu'un illustre représentant de la jeune femme avait un jour chevauché ce dragon ? Est-ce qu'elle souhaitait le retrouver pour faire la même chose aujourd'hui ? Savait-elle que ce dragon était en lui ? Etait-ce pour cela qu'elle avait fait autant de suppositions marquantes lors de leur première rencontre ? Etait-ce un piège dans lequel il était tombé, pour le tuer afin qu'elle dispose d'Amaru ? Qui était vraiment cette jeune femme ?

John dût déployer des efforts conséquents pour ne pas céder à la panique. Il se rappela ce que lui avait dit sa sœur, ou plutôt son hallucination, quelques heures plus tôt, pour se calmer. Il ferma les yeux et fit le vide dans son esprit. Les tremblements cessèrent. Il eût quelques secondes pour réfléchir rapidement à un plan. La porte d'entrée était trop loin pour fuir et seules les fenêtres étaient accessibles. Mais il se trouvait au dernier étage et ne voulait pas courir à une mort certaine en sautant. Non, il allait devoir trouver une solution pour convaincre Adrielle qu'il n'avait rien à voir avec cette... chose qu'était Amaru.

Il décida donc de faire preuve d'honnêteté et de dévoiler la vérité. Du moins une partie de la vérité... Empli de tristesse, il s'adressa à la jeune femme en baissant le regard, comme s'il craignait de voir la réaction d'Adrielle.


Oui, c'est vrai... J'ai croisé ce dragon... C'était il y a trois ans, le soir de la révélation du monde surnaturel aux humains.

Il marqua un silence avant de reprendre.

C'est également le soir où j'ai perdu tout ce que j'avais, tout ce qui faisait de moi un homme heureux et tout ce qui me maintenait en vie. C'était le soir où notre maison a brûlé, ravagée par un incendie terrible. Mes parents et... ma sœur... sont décédés ce soir là, sauvagement assassinés, puis carbonisés dans les flammes...

Sa gorge se serra toujours un peu plus au fur et à mesure qu'il poursuivait son récit et les yeux de John devinrent brillants sous le coup de l'émotion.

J'ignore encore aujourd'hui pourquoi j'ai été épargné. Pourquoi je ne suis pas mort moi aussi cette fameuse nuit. Mais à mon réveil la maison était en flammes... et un dragon se tenait devant moi. Un dragon gigantesque, blanc, les yeux d'un bleu azur éclatant et sur son crâne siégeait fièrement une pierre d'un bleu aussi brillant que le regard qu'il me lançait.

C'est là que finalement, craignant pour sa sécurité et ce qu'elle pourrait lui faire si elle apprenait la vérité, il mentit, orientant la jeune femme dans la mauvaise direction.

Puis il est parti. Il s'est envolé et je ne l'ai plus jamais revu depuis, disparaissant dans les ténèbres aussi rapidement qu'il m'était apparu.

Il passa volontairement sous silence la partie de l'histoire où Amaru s'était glissé à l'intérieur de son corps, se matérialisant à souhait lorsque John perdait le contrôle de lui-même sous le coup d'un stress intense ou d'une émotion trop forte. Il redressa finalement son regard pour observer Adrielle et termina son récit.

Ce dragon n'était pas là par hasard. Il est responsable de la destruction de ma maison, de la mort de ma famille... et de mon cœur brisé. Tout ce qui me maintient en vie aujourd'hui... c'est la vengeance. L'idée qu'un jour je retrouverai ce dragon et ses commanditaires. Et que je lui ferai payer le mal qu'il m'a fait cette nuit là...

Malheureusement et même si cette partie de l'histoire était fausse pour quiconque possédait le don d'omniscience, John était quant à lui complètement persuadé de la responsabilité d'Amaru dans tout ou partie de la disparition de sa famille et son ressenti envers le dragon était réel. En plus de la peur intense qu'il éprouvait de savoir cette chose en lui, prête à se manifester à tout moment pour, toujours selon John, semer la terreur et la désolation.

L'espace d'un instant, toujours en regardant Adrielle, il se retrouva à nouveau à l'intérieur de cette maison en ruine, le cadavre de ses parents, celui de sa sœur, et tous leurs souvenirs heureux disparus, carbonisés, à ses côtés. À cette pensée douloureuse, une petite larme, belle mais discrète, se forma au coin de l’œil du jeune sorcier. John ne pût la réprimer et elle vint s'écraser doucement à ses pieds comme une goutte de pluie tombant du ciel…

… et s’évanouit dans une légère lumière bleutée, trahissant la magie du dragon qui coulait en lui. John espéra secrètement être le seul à l'avoir remarqué.
John Maxwell
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