J'aimais bien ma vie. J'étais riche, beau gosse et j'avais la belle vie. Plus personne sur le dos pour me dire quoi faire ou ne pas faire. Tant que je restais suffisamment réglo avec les autorités, j'étais tranquille. Bon, il ne fallait pas non plus que je me mette à dos les gangs de voyou avec lesquels je traitais parfois. Oui, j'aimais bien m'acheter des substances illicites de temps en temps. Un bon trip, c'était fort agréable, il ne fallait pas en abusé, c'était juste ça. Je n'étais pas stupide non plus, donc je me gardais bien de faire des choses inconsidérées de ce coté là. Donc, je pouvais profiter.

Là, je me disais que je me trouverais bien une femme pour passer la nuit. J'aimais bien les femmes, tant qu'elles ne sympathisaient pas. Je n'avais pas du tout l'intention de me caser, ça non. Ni même de passer trop de temps avec l'une d'entre elles. Mais j'avais du succès dans mes conquêtes. Pourtant, c'était de notoriété publique que j'étais un coureur de jupons. Mais chacune d'entre elle croyait être unique et qu'elle pourrait me faire changer, que je ne pense plus qu'à elle. Cela me faisait doucement rigoler. Des fois, j'en gardais une quelques semaines, histoire de lui donner un peu d'espoir, juste avant de la jeter. La tête qu'elle faisait …

Ha, j'aimais bien ça, ce sentiment. Comme celui d'être supérieur à bien des gens. J'habitais la belle maison de mes parents, que j'avais fait redécorer et réaménager à mon goût. Tout allait bien. Là, je me baladais dans une voiture de luxe, à petite allure, juste pour le plaisir. Je n'attendais rien de spécial, peut être juste repérer une proie ou n'importe quoi qui pourrait m'intéresser. Je me laissais juste guider par mes envies, tout en faisant bien attention de ne pas dépasser les limites autorisées. Il faisait beau, j'étais de bonne humeur, tout allait bien de mon coté.

Je conduisais sans but précis. Je me rendis compte à un moment que j'étais dans un quartier un peu moins commerçant. Cela devait être la zone où il avait pas mal d'universités ou d'écoles. Je voyais des étudiants sortir, sans doute la fin des cours. C'était la fin d'après midi, rien d'anormal à tout cela. Une petite étudiante serait parfaite à me mettre sous la dent. Les plus jeunes étaient souvent les plus facile à duper, les plus crédules. Quelques unes ne me connaissaient même pas. Pourtant, je faisais assez régulièrement la presse people. Une petite brunette attira mon attention. Vêtements simples, pas de maquillage outrancier. Une proie toute pour moi. Je me garais un peu plus loin, descendis et commençais à la suivre, un léger sourire aux lèvres.

La tête ailleurs ou dans ses cours. La jeune femme ne me remarque pas, ce qui m'arrange grandement. Je me demande si elle va me reconnaître. Je ne fais pas forcément plein de une de journaux people, mais j'en fais au moins une couverture par an. Pour la saint Valentin ou pour noël, parfois les deux. Cette petite célébrité ne me dérange pas, bien au contraire. Même si elle me voue une certaines haine de la part de quelques individus, elle m'aide aussi à avoir bien plus de femme que si j'étais un total inconnu. Et en plus, je suis riche, donc j'ai beaucoup d'atouts pour moi.

Elle se mit à attendre à la station. Petit à petit, je me rapprochais d'elle, en espérant ne pas trop me faire remarquer. Il n'y avait pas encore trop foule. Les étudiants les plus pressés de rentrer chez eux étaient déjà partis et les autres semblaient encore traîner avec leurs copains. Un prétexte pour lui parler, voilà de quoi j'avais besoin. Zut, je ne pouvais pas lui demander l'heure avec la montre de luxe que j'avais au poignet. Hum, si, je savais! Engager la conversation sur quelque chose de banal était la meilleure façon de faire connaissance et de briser un peu une éventuelle méfiance, que tout le monde avait face à un inconnu.

«Pardon mademoiselle, vous savez à qu'elle heure passe le bus?»

J'attendais qu'elle me réponde tout en lui souriant d'un air contrit. Je faisais le type un peu timide, cela les faisait souvent craquer. Les gens donnent ce genre d'informations assez facilement. J'attendis donc quelques secondes, juste le temps qu'elle commence à détourner le regard après m'avoir répondu, mais pas totalement. La regardant avec un peu plus d'intensité, je savais qu'il était temps de lui faire un compliment. Quelque chose de banal, pas trop agressif. Et si je savais comment procéder, c'est que j'avais passé du temps à observer les gens faire, sans qu'ils le remarquent.

«Est ce qu'on vous a déjà dit que vous êtes tout à fait charmante?»

Puis, je passais la main dans mes cheveux, d'un air gêné et détournais le regard, quelques instants, avant de le reporter sur elle. La seule chose que je ne savais pas faire sur commande, c'était rougir. Mais bon, peu de gens le remarquaient. Et puis, tout le monde ne souffrait pas non plus de ce genre de handicap, que pas mal de filles trouvaient mignon, en fait. Bien sûr, c'était le moment parfait pour avouer mes intentions. Oui, je la draguais et pas qu'un peu. Maintenant, je ne savais pas du tout si c'était le genre à m'accorder un peu de confiance dès maintenant ou s'il faudrait que j'insiste plus.

«Ma technique de drague n'est pas terrible, hein? Ca vous dirait de faire une pose et de prendre un café avec moi?»

Cette fille est tout à fait mon genre. Innocente, un peu rebelle. Je vais adorer la mettre dans mon lit. En tout cas, je ne suis pas prêt de renoncer. Ce serait mal me connaître. Elle refuse, mais ce n'est pas pour ça que j'ai dit mon dernier mot. Je dois un peu lui faire peur, c'est tout à fait normal. Elle ne me connaît pas et en fait, c'est tant mieux. Certaines se méfient plus à cause de ma réputation de coureur de jupons. Je dois y aller en douceur, la rassurer, jouer les charmeurs. C'est un exercice dans lequel je suis assez bon. Parfois même, je me dis que j'aurais pu faire acteur, au moins de temps en temps.

«Allons mademoiselle, c'est juste un café. Il y en a un pas loin.» Dis je en montrant l'établissement. C'est logique, il y en a forcément un dans le coin d'une université. Il y a un peu de monde, mais pas trop, la plupart des étudiants sont pressés de rentrer chez eux ou de partir se détendre avec des amis. Mais il y a suffisamment de monde pour qu'elle se sente rassurer. Du moins, je l'espère. Apparemment, j'ai tout fait. La jeune femme est totalement timorée et refuse ce lieu sécurisé. Je détourne la tête pour masquer ma colère. Je n'ai pas dit mon dernier mot, c'est sûr.

Parce que ce n'est pas mon genre de renoncer aussi facilement. Sauf que là, je sens que je vais encore plus la buter si j'insiste. Non, je dois jouer les gars cool qui savent accepter leurs échecs. «Bon, et bien pas grave. Une autre fois peut être.» Oui, si je n'oublie pas cette petite conne, je repasserai dans le coin, même jour, même horaire. Elle aura peut être plus envie de me faire confiance cette fois ci. Si j'étais honnête avec moi même, je dirais qu'elle avait raison de se méfier de moi, mais je détestais l'échec. Et puis, jamais une femme ne s'était plainte de moi sur le plan sexuel. Juste que je ne tombais pas amoureux.

C'était de la connerie tout ça. Juste un moyen pour une femme de mettre le grappin sur un type comme moi. Je ne comptais pas partager mon argent avec une sangsue qui n'en aurait jamais assez de faire les magasins. Ce n'était pas que je ne faisais jamais de cadeaux, mais ce que je voulais et quand je le voulais. Je me détournais, haussant les épaules et reprenant le chemin qui devait me reconduire à mon véhicule. «Très bien, possible qu'on se revoit plus tard, mademoiselle.» Je partis à pas lents, presque désireux qu'elle ait le temps de changer d'avis et me rappelle.

Les jeunes de maintenant … cette fille était trop conne, voilà ce que je pensais. Je lui proposais de faire connaissance autour d'un café où tout le monde pouvait nous voir et la voilà qui refusait. Je ne comprenais d'ailleurs pas. Tant pis. Je lui laissais tout de même le temps de changer d'avis, mais rien du tout. Heureusement, je n'avais pas garé ma voiture très loin. Je la récupérais aussitôt et décidais de passer devant l'arrêt de bus histoire de faire baver la miss, si jamais elle était assez intelligente pour comprendre que je n'avais pas trouvé ça dans une pochette surprise.

J'eus de la chance. J'entendis crier au voleur alors que je passais lentement devant l'arrêt, alors que le bus était déjà présent. Je vis un mendiant à peine mature courir devant le véhicule, au risque de se faire renverser par une voiture qui passait par là et qui n'était pas la mienne, hélas. C'était bien ma furie qui le poursuivait et que je manquais presque d'écraser. Le destin tournait en ma faveur, me dis je. Bon, comment arrêter un voleur? Il était à pied et s'il était largement moins rapide qu'une voiture de sport, il était largement plus mobile. Il fallait que je fasse vite si je voulais avoir une nouvelle chance avec cette jeune femme.

Je le vis traverser, je fis une manœuvre un peu risquée mais arrivais à bousculer suffisamment le voleur pour le faire tomber. Je descendis alors du véhicule pour récupérer le sac. Je laissais partir le voleur, je n'avais pas que ça à faire, mais sous prétexte de ranger les affaires, je jetais un œil à l'adresse de la jeune femme. J'espérais bien qu'elle ne m'avait pas vu faire. Tout fier malgré tout, je la rejoins après avoir remis mon véhicule en sécurité. «Bon, je pense que je ferais mieux de te raccompagner. Les rues ne sont pas sures. En voiture, miss.» J'ouvris la portière et la poussais un peu dedans si nécessaire.

«Adresse?» Demandais je, comme si je ne venais pas de la lire dans ses papiers. Mais je faisais comme si je l'ignorais et lui laissais une chance de me dire la vérité. Je ne voulais pas faire de scandale dans la rue et puis, on pouvait dire tout le mal que l'on voulait de moi, je n'avais jamais violé une femme. Elles avaient toujours été consentantes. Après, je ne disais pas que je voulais m'engager. Je ne promettais rien. Ni changement de ma part ou quoi que ce soit. C'était elles qui se faisaient un film, ce n'était pas de ma faute. Même si j'avais tout de même la conscience de me comporter comme un connard. «Ca va? Pas trop secouée? Tu veux que je t'emmène dîner pour te remettre?»

Quelle petite peste, râlais je intérieurement, tout en riant à sa proposition d'aller prendre un café. Tout à l'heure, elle ne voulait pas et maintenant, elle prétendait m'inviter. Je n'avais plus du tout envie de boire un jus de mauvaise qualité dans un bar quelconque. Mais j'avais bien entendu qu'elle ne voulait pas que je la raccompagne chez elle. Faisant celui qui ignorait où elle habitait, je réfléchissais rapidement où je voulais l'amener. Je n'allais tout de même pas la violer. Elle était méfiante et j'avais l'impression que le fait de l'avoir un peu forcé à monter l'avait mis en garde.

C'était juste une façon de la protéger, en fait. Sa fraîcheur m'amusait, mais sa prudence excessive commençait sérieusement à m'agacer. Je connaissais un salon de thé chic et cosy qui ferait parfaitement l'affaire. Je me retournais quelques instants pour juger la tenue de la jeune femme, profitant d'un feu rouge. Je fis une petite grimace désapprobatrice. Elle avait sans doute besoin d'un vêtement un peu plus chic que ça. Cela ne me dérangeait pas de lui acheter une robe rien que pour pouvoir faire un peu plus ample connaissance avec elle. Mon but, coucher avec elle, bien entendu.

«J'en ai pour quelques minutes, ne bouge pas, nous allons aller le prendre, ce café.» La boutique n'était pas loin, je rentrais et pris la première robe bleue que je jugeais à la bonne taille de visu, je payais, retournais à la voiture et redémarrais sans vraiment répondre si la fille avait des questions. Quelques minutes plus tard, en entrant dans le salon de thé, je me dirigeais tout de suite vers les toilettes avec le sac contenant la robe, la filait à mon accompagnatrice. «Tiens, mets ça avant que nous nous fassions virer.» Je pris une table et commençais à commander pour moi en attendant.

Quand elle sortit enfin, j'eus le souffle coupé. Elle était magnifique dans sa robe. Cela lui allait à ravir et je n'avais qu'une envie, voir ce qui se cachait en dessous. Je lui fis un petit signe pour qu'elle me rejoigne. A voir si elle voulait vraiment le prendre ce café avec moi. «Enchanté de faire ta connaissance. Tu peux m'appeler Dorian. Et toi, comment t'appelles tu?» La serveuse, efficace, rapportait la carte des boissons et des pâtisseries. J'avais deux petits macarons devant moi et un café qui sentait bon. «Ne te laisse pas impressionner, commande ce que tu veux.»